L'inculpé détenu était pressé d'être entendu et jugé pour revenir en taule rassuré sur son avenir proche. Ne voyant pas son défenseur présent dans la salle et s'attendant à recevoir sur les phalanges les coups de Dame Justice, il tend son cou à Amirouche qui n'aime pas écorcher vif les ivrognes et les gueulards. Le détenu qui a une ressemblance frappante avec l'acteur comédien Benzrari s'avance à la barre face à Nadia Amirouche, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de hussein dey (cour d'Alger), est étonné de ne pas voir son avocat à la barre. Il tourne et retourne la tête et son regard point d'avocat. Le détenu voit rouge. Il entend à peine la présidente lui suggérer un report. Il tente une dernière fois de repérer son défenseur dans la salle, rien à l'horizon. La juge attend que monsieur l'inculpé d'état d'ivresse manifeste et trouble l'ordre public dise un mot. Il finira par lâcher, malheureux et seul : - «Non, madame la présidente, je veux être jugé ce mardi et qu'on en finisse. Je reconnais tout ce qu'on me reproche même si dans le PV de police, il n'y a pas toute la vérité», marmonne-t-il très pressé effectivement de tourner les talons et de quitter cette maudite barre. - «C'est bon. Vous reconnaissez tout ce qu'on vous reproche mais alors, quelle est cette vérité qui n'avait pas été dite ?», demande en articulant la magistrate. zahia houari, la représentante du ministère public sourit avant de hausser les sourcils en signe de désaccord avec les propos du détenu. - «je n'ai rien cassé ni détruit ni tenté d'agresser quelqu'un, encore moins un policier», explique complètement «out» Abdallah f.r. la cinquantaine. - Mais qui vous a inculpé de tout ça ? Vous n'avez que l'état d'ivresse manifesté et des mots pas gentils lancés en pleine «ruée» aux policiers qui ont seulement tenté de vous calmer», répond la juge qui avait compris qu'elle n'avait pas à perdre plus de temps avec cet énergumène, visiblement dans les bras de Bacchus. «Six mois de prison ferme», lance houari. Sur le siège et comme pour se débarrasser d'un fardeau, elle inflige six mois de prison assorti de sursis, estimant que les trois nuits de détention préventive lui auront ouverts les yeux sur la consommation d'alcool, mère de tous les vices.