IIl y a bien longtemps depuis que les chants ne fusent plus des oliveraies de la région d'Ath Abbas, qui englobe 3 communes : Ighil Ali, Aït Rzine et Boudjellil dans la wilaya de Béjaïa. Les montagnes ne résonnent plus ces chants de «perdrix», qui sont les femmes kabyles de la tribu d'Ath Abbas. Cette coutume qu'on appelle zawrara n'est plus d'actualité. Elle a complètement disparu, au nom d'un changement insipide et sans visage. On pratiquait zawrara durant la période de la cueillette des olives pour la rendre moins harassante. Ces chants, où la soprano et l'alto se mêlent, sont ployés par alternance. C'est à dire des femmes d'une part chantent une strophe, les autres femmes chantent, d'autre part, la strophe suivante. C'est ainsi que les journées froides de l'hiver sont «tiédies» par ces chants, et les olives sont ramassées à coups de «vers et de rimes». Des vieilles personnes nous ont témoignés qu'à l'époque coloniale, cette tradition se pratiquait encore. Elle serait disparue après l'indépendance. Ce qui diminue grandement dans le patrimoine immatériel de cette région, qui a perdu ses repères culturels. Aujourd'hui, la cueillette se fait dans le silence ou tout au mieux dans la causette. Les soucis de la vie sont égrenés, non pas en chantant mais en «pleurnichant». Autre tradition qui a disparu et qui témoignait de la solidité des liens entre les familles d'un même village, c'est tiwizi. Tiwizi, c'est l'entraide. La fraternité. Cette tradition véhiculait tout ce qui est aide, altruisme et amour de son prochain. La pratique de cet us consistait à prêter main-forte à une famille qui n'a pas encore fini la cueillette des olives. Ainsi chaque fois qu'une famille termine la cueillette, elle se porte volontaire pour aider celle qui n'a pas fini l'olivaison. De nos jours, cette tradition a disparu, pour laisser place à l'individualisme et à l'hypocrisie. Celui qui termine le premier se moque de celui qui cueille encore.