Les spéculations soulevées par la presse nationale et mondiale autour des effets secondaires que peut provoquer le vaccin contre la grippe A/H1N1 ont suscité des réticences parmi même le personnel de la santé, qui était appelé à sensibiliser la population par rapport à la nécessité de la vaccination en cours dans plusieurs pays. Les réactions générées par la peur des effets secondaires à long terme du vaccin préparé, comme veulent le faire croire certains «à la va-vite», sont à l'origine des rumeurs et de la paranoïa actuelles. Trois quarts de la population redoutent en effet les effets secondaires rarement enregistrés. En Algérie, comme partout dans le monde, l'avis des médecins est mitigé entre ceux qui adhèrent à la vaccination et ceux qui s'en méfient et affirment ne pas vouloir le faire. C'est le cas en France où près de 78% n'envisagent pas de le faire. Pour éviter le vaccin «douteux», certains médecins en France ont préféré combiner le vaccin contre la grippe saisonnière et celui de l'antipneumococcique, afin de se protéger contre la grippe A. Or, le vaccin antipneumococcique est conçu contre un pneumocoque, qui est l'un des microbes de la pneumonie. Il est vrai qu'en prévision de la menace de la pandémie grippale H1N1, il est essentiel de renforcer la vaccination antipneumococcique chez les personnes ciblées par le calendrier vaccinal, pour prévenir dans cette population les surinfections pneumococciques de la grippe. D'ailleurs, la grippe est un facteur de risque important des pneumopathies bactériennes en particulier à pneumocoque. Durant les pandémies grippales du siècle dernier, les surinfections pulmonaires bactériennes ont été une cause importante de morbidité et de mortalité. Cependant ce vaccin reste insuffisant contre la grippe A, puisque le nouveau virus envahit directement le noyau de la cellule, afin de répliquer le virus, alors que la bactérie du pneumocoque peut attaquer les cellules sanguines et causer une infection grave. Le vaccin antipneumococcique est généralement administré aux enfants de moins de 2 ans présentant de hauts risques. L'avantage du vaccin de la grippe saisonnière Par ailleurs, le vaccin contre la grippe saisonnière améliorerait uniquement l'efficacité du vaccin contre la grippe A, selon des recherches récentes. Celles-ci affirment que le fait d'avoir été vacciné auparavant contre la grippe saisonnière pourrait entraîner un avantage lors de la vaccination contre la grippe A, en augmentant la réponse immunitaire contre ce dernier virus. Les mêmes recherches n'ont, jusqu'à aujourd'hui, pas prouvé que la combinaison de plusieurs vaccins pourrait remplacer celui de la grippe A. En ce qui concerne ce dernier, il est, selon des experts de la santé, tout à fait «fiable», contrairement aux rumeurs qui circulent. Le vaccin, selon la même source, «n'a pas été préparé» à la va-vite». C'est un vaccin connu sous le nom de «mock-up» ou vaccins-maquettes, une version adaptée du vaccin mis au point contre le virus aviaire A(H5N1) en 2005-2006. «Ce prototype disposait déjà d'une Autorisation de mise sur le marché (AMM) accordée par l'Agence européenne pour l'évaluation des médicaments (EMEA). Tous les vaccins-maquettes ont été préparés avec une souche H5N1, puis la souche H5N1 a été remplacée par la souche H1N1, ce qui a permis une autorisation accélérée du vaccin H1N1.» Et d'ajouter : «Ces procédés sont les mêmes que ceux utilisés pour les vaccins saisonniers, dont la souche est modifiée tous les ans.» Il y a lieu de rappeler que la Commission européenne a autorisé pour l'instant la commercialisation de 3 vaccins mock-up contre la grippe A/H1N1 : Pandemrix® (du laboratoire GSK), Focetria® (Novartis), Celvapan®, sans adjuvant (Baxter) et du vaccin Panenza® (Sanofi-Pasteur), qui a été développé à partir de la souche du virus (H1N1) et qui ne contient pas d'adjuvant.