«S'en prendre à Meryem Mehdi, c'est s'en prendre à nous tous» est l'un des messages qu'on pouvait lire sur les pancartes brandies par les syndicalistes, employés des sociétés étrangères activant au Sud du pays et membres associatifs qui ont répondu à l'appel du Snapap pour la tenue d'un sit-in à la maison de la presse Tahar Djaout en signe de soutien à leur collègue en grève de la faim depuis le 10 décembre, dont l'état de santé ne cesse de se détériorer. L'état de santé de Meryem Mehdi s'est encore détérioré hier, au vingt-quatrième jour de la grève de la faim qu'elle observe depuis son licenciement, qu'elle qualifie d'abusif, par la multinationale British Gas. C'est le comité des femmes du Snapap qui fait désormais sienne la cause de Meriem qui a rapporté «la mauvaise nouvelle» lors du sit-in observé hier à la maison de la presse Tahar Djaout. Ils étaient des dizaines de travailleurs de diverses sociétés étrangères au sud mais aussi des représentants de familles de disparus qui ont tenu à apporter leur soutien «indéfectible à Meryem». Seulement quelques représentants ont pu accéder à l'intérieur de la maison de la presse, parmi eux le syndicaliste Yacine Zaid, licencié lui aussi par le groupe Eurest Compas, qui vient d'être entendu pour la énième fois dans un procès. «Elle est sortie une première fois hier de l'hôpital Mustapha Pacha pour rejoindre la maison des syndicats mais son état s'est gravement détérioré, nécessitant sa réadmission immédiate», nous a déclaré l'un des syndicalistes. Alors que la police empêchait les autres syndicalistes et membres associatifs de rejoindre leurs camarades à l'intérieur de la maison de la presse, les «meneurs» brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire également «à bas l'esclavagisme de la multinationale British Gas» ou encore «la femme algérienne n'est pas à vendre». Yacine Zaid, s'adressant aux journalistes, dira dans une brève prise de parole : «Aujourd'hui nous sommes tous des Meryem Mehdi», avant d'indiquer «il viendra le jour où vous découvrirez tout sur Hassi Messaoud». Les zones d'ombre de Hassi Messaoud C'est l'apartheid à Hassi Messaoud, selon lui, qui accuse les multinationales de travailler avec «ceux qui veulent nuire à l'Algérie». Devant le portail de la maison de la presse, c'était l'effervescence. Nacera Ghezlane, du Snapap, nous explique dans le même ordre d'idées que le gouvernement a peur des multinationales. Sinon, «comment expliquer que des inspecteurs du travail soient tabassés par les étrangers en plein exercice de leurs fonctions sans que l'Etat ne lève le petit doigt ?» s'interroge-t-elle, tout en déplorant aussi la sourde oreille du gouvernement de «l'Algérie souveraine» qui est allée jusqu'à nier avoir entendu parler de Meryem Mehdi, «comme l'a rapporté Louh, qui, lui, conseille de saisir l'inspection du travail». «Il y a des milliers de personnes licenciées», s'indigne-t-on du côté des syndicalistes. Ghezlane déplore l'absence en pareille circonstance des organisations de défense des droits de l'homme qu'elle taxe de théoriciens. En revanche, un soutien émanant de syndicalistes femmes palestiniennes est parvenu au comité des femmes du Snapap. Le cas de Meryem et de beaucoup d'autres, qui n'acceptent pas la hogra, soulèvent moult interrogations sur les relations de travail en général et des clauses contractuelles qui lient les employeurs étrangers à leurs employés.