Entré en vigueur le 1er janvier 2010, le nouveau système comptable et financier (SCF) nécessite pour sa mise en œuvre une formation de 600 000 praticiens. C'est ce qu'a indiqué hier le docteur Hamdi Mohamed Lamine, président de l'Ordre des experts comptables, lors de son intervention au centre de presse du quotidien El Moudjahid. Optimiste, le président de l'Ordre des experts comptables a fait part de toutes les dispositions prises par les pouvoirs publics et l'ensemble de la profession pour l'application du présent plan comptable et financier. Ce système, qui devait être appliqué en janvier 2009, a été différé, rappelons-le, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2008 en raison du manque de préparation et de formation sur les nouvelles techniques comptables en vogue au niveau international. Un ajournement qui a permis, selon l'hôte d'El Moudjahid, de prendre des dispositions importantes en vue de sa vulgarisation à l'échelle nationale. Un comité de suivi a été mis en place, en mars 2009, par le ministère des Finances, regroupant toutes les parties concernées, notamment les professionnels du secteur. Le comité en question a été scindé en quatre sous-comités, à savoir celui de la formation, de l'information, de la fiscalité et de l'informatique. Cette collaboration avec les pouvoirs publics a donné des résultats satisfaisants, selon M. Hamdi. Outre l'adoption de logiciels de comptabilité compatibles avec les nouvelles normes, le comité s'est focalisé sur l'aspect formation des praticiens.
L'Ordre national des experts comptables a pris en main la formation de 600 formateurs qui sont choisis pour transmettre le savoir acquis en la matière, et ce, au niveau national. Dans le marché algérien de la formation étatique et privée, 85 000 professionnels tous corps confondus (administration, entreprises publiques et privées) ont été formés aux nouvelles techniques comptables et financières. Ce qui représente, selon le secrétaire général du Conseil national de la comptabilité (CNC), M. Bentourki, présent à cette conférence-débat, un taux de 20% des comptables concernés par le SCF. En tenant compte des statistiques du Centre national du registre du commerce (CNRC), qui indiquent que le nombre de commerçants agissant en tant que personne physique est de 1 200 000 et le chiffre de sociétés à caractère moral au nombre de 137 230, le président de l'Ordre des experts comptables a souligné que 500 000 personnes seront concernées par des cycles de formation autour du nouveau système comptable et financier. Ce recensement a été fait sur la base d'une hypothèse de formation de deux personnes par entreprise. Ce qui fait dire à l'invité d'El Moudjahid que le secteur économique public et privé doit se doter de moyen financier et des espaces de formation afin de s'y adapter aux nouvelles règles. Les cadres dirigeants, le personnel de l'administration fiscale, celui de l'inspection générale des finances, ainsi que la Cour des comptes sont parmi les plus concernés par ce type de formation et de mise à niveau, sans compter ceux exerçant à titre privé dans des cabinets. Le programme du CNC Le secrétaire général du Conseil national de la comptabilité, M. Bentourki, a tenu à dévoiler, de son côté, le plan de travail prévu pour cette année afin de contribuer à l'action de formation. Les conditions de passage de l'ancien système datant de 1975 à celui d'aujourd'hui sont réunies, a-t-il souligné d'emblée. Une enquête réalisée par l'Office national des statistiques sur le nouveau système a donné, ajoute-t-il, des résultats satisfaisants. «70% des praticiens affirment déjà prendre connaissance de ce nouvel outil et estiment être prêts à son utilisation», a-t-il affirmé, ajoutant que «le CNC a lancé la formation de 1500 professionnels utilisateurs en 2008».
Les ministères de l'Enseignement supérieur, de l'Education et de la Formation professionnelle ont été également impliqués dans la formation sur le nouveau plan comptable. Des guides pratiques et didactiques seront édités auprès de l'Entreprise des arts graphiques (Enag), ainsi que des dépliants récapitulatifs des concepts du SCF seront mis à la disposition des professionnels et étudiants des filières commerciales et financières. Le ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement a entrepris pour sa part une démarche de formation et de sensibilisation au niveau des sociétés de gestion des participations de l'Etat détentrices des entreprises publiques. La direction générale des impôts (DGI), quant à elle, a installé un groupe de travail pour faire des approches et des réflexions sur le SCF. S'inspirant de l'International Financial Reporting Standards (IFRS), le système comptable et financier est décliné sous deux formes : le régime simplifié spécifique à des petites entreprises comptant moins de 9 salariés et un chiffre d'affaires ne dépassant pas les 10 millions de dinars et le régime général auquel sont soumises les grandes entités. La mise en œuvre de ce dispositif a été soutenue par un arrêté interministériel datant du 26 juillet 2008, texte prévu par loi portant sur le système comptable promulguée le 25 novembre 2007. Il fait obligation, entre autres, aux entreprises détenant des filiales de faire un bilan consolidé du groupe.