La guerre contre Al Qaïda au Yémen a interrompu les vacances de Barack Obama à Hawaï. Des vacances qu'il croyait mériter après l'historique succès qu'il a remporté en faisant adopter par le Sénat sa loi sur la réforme sanitaire, l'une des priorités de son mandat, avec, bien sûr, la guerre d'Afghanistan et la lutte contre le terrorisme d'Al Qaïda qui est venu défier la sécurité aérienne des Etats-Unis. Ce qui fait le prestige ou la perte du président américain Ce mardi même, il doit présider le Conseil national de sécurité pour décider des mesures urgentes à prendre pour faire face à la menace de l'organisation terroriste de Ben Laden. Une remarque s'impose, après une année à la Maison-Blanche du président noir démocrate des Etats-Unis. Ce qui fait le prestige du président américain, quel qu'il soit, noir ou blanc, démocrate ou républicain, peut également causer sa perte en politique étrangère. Hormis G. Bush, qui a réussi l'exploit de se faire réélire avec un double fiasco - interne et externe -, le reste des présidents des Etats-Unis ont, tous, plus ou moins, réussi dans la lutte contre le chômage et la relance de la croissance économique. Ce qu'Obama est en train de réussir, mieux encore que Bill Clinton, au plan social, dans une conjoncture marquée sévèrement, pourtant, par la crise économique mondiale. On peut le dire, sur ce plan, Obama a pris la bonne direction. Ce n'est pas le cas, au plan externe, puisque la politique qu'il suit au Proche-Orient où Israël donne libre cours à la judaïsation d'El Qods, sa vision du dossier nucléaire iranien où une révolte est en gestation, la guerre d'Irak où la violence terroriste a repris pied et en Afghanistan qui renvoie mieux que jamais l'image du «bourbier vietnamien», œuvre du démocrate L. Johnson, est en tout similaire à celle de G. Bush.Le président Obama semble même plagier son prédécesseur dans son analyse du phénomène des «Etats terroristes» ou fragilisés par le terrorisme, ce qui, dans les deux cas, représente «une menace pour la sécurité des Etats-Unis». Bush a défini sa liste des pays qui font partie de l'«axe du mal», entre autres la Corée du Nord, l'Iran et la Syrie. Le premier pour son programme nucléaire et les deux autres pour le soutien qu'ils apportent au Hezbollah. Le colonel Kadhafi a su, cette fois, habillement, faire rayer son pays de cette liste noire, après le syndrome irakien. Porter la guerre loin de l'Amérique Obama, lui, vient, sous la pression des derniers événements qui ont failli rééditer la tragédie du 11 septembre 2001, de mettre en place une stratégie «à moindre coût en vies humaines et en dollars» pour son pays en portant la guerre contre Al Qaïda dans la péninsule arabique, loin des frontières des Etats-Unis. Des actions militaires sont coordonnées entre Washington et Sanaa pour éradiquer l'organisation d'Oussama Ben Laden qui a choisi, cette fois, le pays d'origine de sa famille pour frapper les Etats-Unis et avec eux leurs alliés en Afghanistan. Du coup, les ambassades occidentales dans la capitale yéménite sont fermées, l'une après l'autre. Une mesure sans effet qui a peu de chance de décourager les plans de l'organisation terroriste. Rien de très anormal, cependant, que Washington, Londres ou Paris de prévenir des attentats à la voiture piégée. Obama a fait ce que Bush ou n'importe quel leader occidental a ou aurait fait, en prenant au sérieux les menaces d'Al Qaïda contre les intérêts occidentaux à l'étranger, au Yémen en particulier. Il n'a donc rien inventé. Ce que Bush n'a pas fait Obama l'a fait C'est en matière de sécurité aérienne qu'il a innové. Il a dressé une nouvelle liste des pays qui font partie de l'«axe du mal» - même si la formule Bush n'est pas propre dans ce cas - dont les ressortissants et les voyageurs qui y viennent doit être soumis à l'humiliante fouille corporelle. Bush n'en a pas fait autant au lendemain du 11 septembre 2001. Par cette surprenante mesure, lui qui rêvait dans son livre Le rêve de mon père, de redonner sa dignité à l'espèce humaine, le président démocrate noir des Etats-Unis a déçu. En Amérique, où ses concitoyens l'ont choisi pour faire le contraire de la politique de Bush. A l'étranger, où il a fait naître un grand espoir après l'ère Bush avec comme encouragement à mettre un terme aux guerres, en Afghanistan et en Irak, et surtout pour promouvoir les droits de l'homme à travers le monde, par l'octroi (prématuré ?) du «prix Nobel de la paix». Le prix, il l'a en poche, mais la paix peut attendre. Les passagers à destination des Etats-Unis aussi peuvent attendre dans les aéroports au prix d'une humiliation. Et laquelle ? Les experts en droit international sont catégoriques : «Ces mesures seront sans effet.» Les organisations civiles internationales qui ont combattu pour Obama, elles, sont indignées : «Ces mesures sont à caractère raciste.»