Le secteur de la santé risque de connaître une paralysie totale, à en croire les représentants des praticiens et des spécialistes qui maintiennent la grève ouverte et promettent de radicaliser leur mouvement, à commencer par l'éventualité de revoir le service minimum qu'ils assurent jusque-là «d'une façon unilatérale». Le ministère de la santé se confinant toujours dans un mutisme total par rapport à leurs revendications, le SNPSP et le SNPSSP ont aussi interpellé les 7 groupes parlementaires de l'assemblée nationale ainsi que la commission santé, façon de maintenir la pression et de porter leurs doléances à un autre niveau. D'autres actions doivent intervenir, estime Lyes Merabet, président du SNPSP, s'exprimant hier, lors d'un point de presse animé conjointement avec le chef de file du SNPSSP. Ceci, pour permettre selon lui aux deux parties (syndicats-ministère) de reprendre les négociations. «En dehors du cadre des réunions de conciliation, nous ne sommes pas disposés à discuter», prévient l'orateur qui dénonce le mutisme de la tutelle qui ne s'est pas manifestée malgré la tenue chaque mercredi de sit-in devant les directions de santé des wilayas, action maintenue en attendant d'autres à venir à l'instar de la levée du service minimum évoquée avec insistance par la base qui prévoit de revoir la façon de fonctionner pour accentuer la pression. Sur ce point, Lyes Merabet a tenu à préciser que le conseil national qui se tiendra le 14 janvier prendra en compte toutes les propositions. «En attendant, nous continuons à assurer le service minimum, y compris la vaccination dans le cadre de la campagne de lutte contre la grippe A», assure Merabet qui explique que la décision d'assurer le service minimum est prise de façon unilatérale.» «Nous n'avons pas été consultés par le ministère sur ce point», dit-il. Pour M. Yousfi du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), «nos actions dépendront de la réponse des pouvoirs publics», prévient-il, regrettant que le ministère n'ait jamais respecté les dispositions légales. «Ce que nous vivons est le résultat de sa politique d'exclusion», constate Lyes Merabet qui, interrogé sur le départ du ministre que devront désormais réclamer les praticiens qui l'accusent de gestion catastrophique, dira que «son départ n'est pas notre dada». L'essentiel pour les praticiens, explique-il, est de mettre tout le monde devant ses responsabilités, «sinon, c'est tout le système de santé qui est menacé», fait-il remarquer, ajoutant que «l'on ne réussit pas la réforme dans l'instabilité». C'est le ministre qui devrait démissionner de son propre gré, selon Yousfi qui dira qu'en Algérie, «on ne démissionne pas parce qu'on n'est pas à la hauteur». Par ailleurs, parallèlement au mouvement de grève, l'intersyndicale des praticiens de santé publique (SNPSP-SNPSSP) a saisi l'ensemble des groupes parlementaires représentés au niveau de l'APN ainsi que la commission «santé et affaires sociales». Le groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT) a déjà reçu, jeudi dernier, la délégation représentant les deux syndicats et a exprimé son total soutien, affirmeront les deux conférenciers qui feront savoir que les groupes parlementaires du FLN et du RCD les recevront aujourd'hui. L'intersyndicale qui invite la presse à s'impliquer davantage dans son combat exprime enfin son soutien aux travailleurs de la SNVI, eux aussi victimes selon elle de «l'absence du dialogue social».