L'invité de l'émission «Tahaoulet» de la Chaîne I de la Radio nationale, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, voulait une fois de plus faire part de sa vive condamnation et de toute sa réprobation en tant que patron de la diplomatie par rapport à la nouvelle «dérive américaine» dans le sillage de laquelle les USA ont instauré la mise en place de mesures sécuritaires draconiennes à l'égard des ressortissant étrangers, dont les Algériens se rendant aux Etats-Unis. Le listing établi par l'establishment US dans le sillage duquel l'Algérie est assimilée aux autres pays vecteurs de la menace terroriste dans le monde paraît inéluctablement telle une «erreur stratégique» validée par Washington. Haut et fort, Mourad Medelci a souligné derechef hier que l'Algérie officielle et plus particulièrement le département des Affaires étrangères qu'il dirige ne baissera pas le ton dans sa réaction de condamnation vis-à-vis d'une telle distinction, ô combien embarrassante. «Jusqu'à ce qu'il soit procédé à la suppression de l'Algérie de cette liste», renchérit le chef de la diplomatie algérienne en usant de toute la solennité propre à de telles prises de position. «On s'attend à ce que les dirigeants des Etats-Unis changent d'avis par rapport à l'Algérie», poursuit-il sur sa lancée. C'est là d'ailleurs le contenu de la recommandation transmise par Medelci aux officiels américains par le biais de l'ambassadeur d'Algérie en poste à Washington convoqué, rappelle-t-on, par sa hiérarchie, au courant de la journée de lundi. Toujours en allusion à cette même liste confectionnée par les USA, le ministre des Affaires étrangères soutient que cette solution entérinée en vue de contrer la menace terroriste est «inventée de toutes pièces et dénuée de surcroît de tout fondement», dira-t-il. A la rigueur, cette liste, on pourra juste lui attribuer un seul mérite qui n'est autre que celui de nous révéler un «paradoxe flagrant», pour paraphraser le représentant du gouvernement. Revirement spectaculaire ! Ce dernier rappellera en effet qu'il n'y a pas si longtemps, la même nation a ouvertement vanté le rôle assumé par l'Algérie dans le sillage de la lutte antiterroriste en affirmant par le biais de sa chancellerie que «l'Algérie est championne de la sécurité régionale et internationale». Et voilà qu'aujourd'hui, les mêmes USA nous prennent, nous Algériens, comme vecteurs de la menace terroriste, au point de nous imposer de nous soumettre à des dispositions sécuritaires draconiennes mises en place au niveau de leurs postes frontaliers. Revirement spectaculaire donc de la situation, pour le moins que l'on puisse dire. En sus, le ministre Medelci s'attend présentement à une sorte de «rectificatif» de la part de nos amis US à l'égard de l'Algérie suite à cette liste établie par l'administration Obama au lendemain de l'attentat avorté visant un avion de ligne américain. Dans cette attente, Mourad Medelci se déclare optimiste. «Des échos émanant des milieux algériens et même américains laissent penser que cette réparation se fera très vite», a laissé entendre en substance l'invité de la Radio nationale. Medelci confirme en outre la venue d'une délégation US attendue pour les tout prochains jours à Alger, tout comme il fera part de la future visite à Alger du secrétaire d'Etat US de la justice, d'ores et déjà programmée, ainsi que d'une autre délégation également attendue à Alger pour la signature d'une convention dans le domaine de la pratique douanière. L'ambassadeur d'Algérie à Paris également convoqué Faut-il dire aussi que les mesures de sécurité draconiennes auxquelles ont eu recours les Etats-Unis ont été vite adoptées par la France, et là encore, la réaction de l'Algérie ne s'est pas fait attendre, loin s'en faut. A ce sujet, le ministre des Affaires étrangères nous informe que l'ambassadeur d'Algérie à Paris a été convoqué en date du 5 janvier pour les même raisons que son collègue en poste à Washington et que Mourad Medelci lui-même s'est entretenu avec son homologue français Bernard Kouchner de façon très officielle sur la question. Par ailleurs, l'invité de la Radio nationale déplore au passage que la France n'a fait parvenir aucune réponse au sujet de la demande faite par l'Algérie et se rapportant à l'ouverture du dossier des archives historiques. Medelci informe également que des ateliers de travail sont engagés depuis des mois entre l'Algérie et la France sur la question des essais nucléaires dans le sud algérien et aussi sur la libre circulation des personnes.