Ces temps-ci, les séries télévisées font des ravages et c'est le moins que l'on puisse dire. La série Lost, qui a obligé le président Obama à ajourner son discours tant attendu sur l'état de l'union, n'est plus à reporter comme fait inédit sur les registres de l'histoire contemporaine. Voici qu'une autre série vient de semer la zizanie entre Ankara et Tel-Aviv dont les relations bilatérales sont déjà au plus faible. Un épisode du téléfilm La vallée des loups, qui met en scène des agents du Mossad enlevant un bébé turc, a soulevé un tollé en Israël. L'ambassadeur turc a même été convoqué par le ministère des Affaires étrangères israélien qui a protesté officiellement contre ce qu'il considère comme un téléfilm «anti-israélien et antisémite». Et de quelle manière, l'accueil réservé au représentant turc a été qualifiée de «bizutage» par les titres de la presse israélienne. Qu'est-ce qui explique cette attitude de l'Etat hébreu alors qu'il cherche à mettre tous les atouts de son côté afin de forcer la partie palestinienne à reprendre les pourparlers de paix ? A s'en tenir aux propos anonymes d'un diplomate israélien, cité par le quotidien Haaretz, Avigdor Lieberman veut mettre une forte pression avant le déplacement de son collègue de la défense, Ehud Barak, en Turquie. Il devrait y être dimanche dans le but affiché d'apaiser les tensions qui minent les relations turco-israéliennes depuis plus d'une année. La série La vallée des loups remettra-t-elle son voyage en cause ? Face à l'agressivité diplomatique de Tel-Aviv, les autorités d'Ankara n'ont pas courbé l'échine. L'ambassadeur d'Israël a été «lessivé» pour l'insolence avec laquelle son homologue turc a été traité par l'Etat hébreu. Le gouvernement Erdogan a même demandé des excuses officielles. Quoi qu'il en sera, le Premier ministre turc tiendra à la promesse faite par ses soins l'an dernier : il ne participera pas à la prochaine rencontre de Davos. De toute façon, les Israéliens possèdent toujours des capacités militaires disproportionnées et ils vont continuer à s'en servir. Comprendre par là que la traditionnelle relation stratégique entre Tel-Aviv et Ankara va continuer de souffrir à chaque diffusion d'une série télé qui ne sera pas du goût des officiels israéliens ? Au fond, ce qui compte le plus aux yeux de ces derniers réside en la récente union sacrée que la Turquie a scellé avec la République islamique d'Iran. Mal ou bien réélu, le président Ahmadinejad avait été accueilli avec les honneurs à Ankara au grand dam d'Israël et de ses alliés occidentaux. Dans la vallée des loups, toutes les danses diplomatiques sont permises.