Au sixième jour du mouvement de grève qui paralyse le complexe d'El Hadjar, la direction générale d'ArcelorMittal Algérie a décidé de réagir en déposant, hier, une plainte en référé auprès du tribunal d'El Hadjar (Annaba) contre le syndicat d'entreprise pour incitation à un arrêt d'activité général et illimité. Estimant que les travailleurs qui ont observé ce mouvement sont de fait en absence irrégulière, le directeur général de l'entreprise, Vincent Legouic, a, par ailleurs, donné des instructions au service du personnel pour que les salaires des grévistes soient suspendus pour ce mois de janvier. Ces mesures aussitôt annoncées aux travailleurs concernés ont donné lieu à un mouvement de protestation de ces derniers et une foule imposante s'est rassemblée, aux environs de 11h, devant les bureaux du syndicat d'entreprise. Ils ont longuement manifesté leur indignation, hier matin, dans l'enceinte du complexe sidérurgique. Déterminés à rester mobilisés autour du syndicat d'entreprise, les travailleurs, dont un grand nombre de cadres supérieurs du site d'El Hadjar, ont décidé à leur tour de ne pas céder à ce qu'ils ont qualifié de «tentatives d'intimidation» et de poursuivre leur combat pour la réhabilitation de la cokerie et le plan de développement de toutes les installations du complexe. Mieux encore, les travailleurs ont crié à qui veut les entendre qu'ils sont prêts à faire don de leur salaire pour remettre en marche la cokerie immobilisée et ainsi permettre à leurs 320 collègues qui y sont affectés de demeurer à leur poste. Les grévistes ont fustigé bruyamment les représentants locaux des partis politiques et les parlementaires et sénateurs coupables, à leurs yeux, d'indifférence devant leurs préoccupations. Le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smaïn Kouadria, pour sa part, semblait passablement étonné par l'attitude de la direction à l'égard des représentants des travailleurs. Selon lui, il n'y avait plus moyen d'obtenir qu'on préserve l'outil de travail qu'est la cokerie d'une fermeture. «La réglementation régissant les relations de travail et le droit à la grève a été, le cas échéant, scrupuleusement respectée par le syndicat. La direction est libre d'apprécier, quant à elle, la situation à sa manière. Nous sommes dans notre bon droit, quand bien même la décision de paralyser notre complexe nous fait mal», explique le syndicaliste. A signaler que la position adoptée par la DG de ArcelorMittal, hier, ne cadre pas avec celle de son partenaire Sider, qui semble œuvrer pour la réhabilitation de l'ensemble des installations du complexe. S'agissant de la cokerie, il semble que le ministère de tutelle ait donné des directives pour que la partie algérienne s'engage à financer la réhabilitation de cette unité à hauteur de 30%. Une réunion entre les directeurs généraux respectifs de ArcelorMittal et de Sider autour de cette question serait sur le point d'être organisée, apprenons-nous de source généralement bien informée.