Vingt-deux ans après l'engagement des négociations en vue d'adhérer à l'OMC, l'Algérie reste parmi les 30 derniers pays qui n'ont pas encore adhéré à cette organisation. La «non-adhésion», pensent certains experts et professeurs universitaires, est provoquée par «l'instabilité de l'équipe des négociateurs», aggravée par «le manque de compétences chargées de ces négociations». Invités hier au forum du quotidien El Moudjahid, les intervenants étaient unanimes quant à la nécessité de mettre en valeur les compétences nationales pour pouvoir développer le pays. L'élément clé de la non-adhésion à l'OMC est «la fuite des compétences», a insisté Farid Benyahia, professeur en relations internationales. Selon lui, l'Algérie a perdu 100 milliards de dollars suite à la fuite de ses compétences à l'étranger, citant entre autres les compétences en médecine et les technologies de pointe. L'Algérie, qui avait pourtant une vision viable dans les années 70, devra commencer par l'élaboration d'une stratégie de développement à long terme, a-t-il proposé. Sans l'amélioration de la production nationale, l'Algérie ne tirera pas profit des accords signés, citant notamment l'accord d'association avec l'Union européenne qui reste défavorable pour le pays. Avec un système de management défectueux, l'Algérie, qui dispose de moyens financiers, de compétences, de richesses, ne pourra pas se développer. Revenant sur les négociations à l'OMC, le professeur a rappelé que le fait que l'Algérie soit un pays gazier, les négociations resteront autour de la question relative à la levée de la subvention du gaz pour le marché national. Face au pouvoir exercé par les lobbies, l'Algérie devra constituer un groupe de négociateurs capables de défendre les positions de l'Algérie. En effet, poursuit Meriem Inel, professeur en économie à l'université d'Alger, le retard accusé est causé par «la résistance de l'Algérie pour ouvrir son marché des services». Défendant la position algérienne, elle mettra l'accent sur la nécessité de créer un modèle de développement qui fera appel aux compétences nationales dans tous les domaines . Pour M. Yalaoui, consultant, «l'Algérie manque d'une volonté politique». En attendant cette adhésion, l'Algérie est appelée à trouver une solution à la constante hausse des importations au détriment des exportations qui restent marginales. Le grand absent au forum d'El Moudjahid était le représentant du ministère du Commerce qui devait apporter des réponses au sujet de l'avancement des négociations et des questions qui restent en suspens.