Le pain continue de faire parler de lui à Oran et la pénurie enregistrée vendredi dernier dans plusieurs quartiers de la ville est venue confirmer qu'il existe un réel problème d'approvisionnement qui doit être pris en charge. La grève des boulangers annoncée pour les prochains jours est venue ajouter au désarroi des citoyens qui ne savent plus à quel pétrin se fier. Ali K., un boulanger du quartier Point du jour, affilié à l'Association nationale des boulangers-pâtissiers, estime que le recours à la grève est devenu nécessaire pour faire entendre la voix de la corporation. «Nous vivons des problèmes d'approvisionnement aussi bien en farine qu'en intrants, de distribution et de maintenance de nos équipements. Notre activité est aussi entravée par la lourde facture d'énergie que nos revenus ne peuvent plus couvrir», dira-t-il. Dans le même ordre d'idée, Saïd Khetri, un boulanger du quartier Gambetta, note avec scepticisme que la corporation vit un véritable marasme. «Nous sommes pour le maintien des prix de vente administrés mais qu'on nous apporte le soutien qui peut nous permettre de faire face à nos dépenses. Nous pourrons accepter les marges actuelles mais qu'on nous assure un soutien pour la consommation d'énergie et les approvisionnements en farine, levure et améliorant», affirme-t-il. Ce dernier ne manquera pas de souligner qu'une rencontre avec les responsables de l'association de la corporation est prévue lundi en marge d'une réunion de préparation de la phase régionale du concours national du meilleur boulanger-pâtissier, qui doit se tenir prochainement à Oran. Le pain, un aliment pour le bétail Dans la foulée, plusieurs opérateurs dénoncent une certaine forme de concurrence déloyale pratiquée par les gérants des boulangeries industrielles et certains boulangers «qui n'hésitent pas à vendre toute leur production quotidienne à des commerçants et de petits revendeurs de pain sur la voie publique. Cette situation a fait d'Oran une ville où le pain est gaspillé et devient par la force des choses un aliment pour le bétail alors que la demande n'est même pas couverte. Il est urgent de faire cesser cette vente illicite qui va à l'encontre des critères légaux de vente de pain», affirment plusieurs boulangers-pâtissiers qui n'hésitent pas également à soulever le problème de la main-d'œuvre. La profession n'attire pas de jeunes Oranais et les centres de formation professionnelle ne forment pas de spécialistes dans la filière. «Tous les ouvriers employés par les boulangeries d'Oran sont originaires des autres wilayas du pays. A la moindre fête religieuse, la ville est privée de pain et cette situation n'est pas faite pour revitaliser le potentiel humain», affirment des professionnels précisant qu'aujourd'hui la grève est devenue le seul moyen pour se faire entendre.