n Le président Mahmoud Ahmadinejad a ordonné hier le démarrage de la production d'uranium hautement enrichi par l'Iran en invoquant l'absence d'accord sur un échange de combustible nucléaire après plus de trois mois de bras de fer avec les grandes puissances. Le président iranien a fait cette annonce quelques jours après avoir affirmé que l'Iran n'avait «pas de problèmes» pour accepter un éventuel échange. «J'avais dit : donnons (aux grandes puissances) deux à trois mois (pour conclure un accord d'échange d'uranium), s'ils ne sont pas d'accord nous commencerons nous-même» à produire de l'uranium hautement enrichi, a déclaré M. Ahmadinejad. «Mais (les grandes puissances) ont commencé à jouer avec nous, même si elles ont commencé à envoyer récemment des messages disant qu'elles voulaient trouver une solution», a-t-il ajouté. «Maintenant, Dr Salehi, commencez à produire de l'uranium (enrichi) à 20% avec nos centrifugeuses», a déclaré M. Ahmadinejad dans son allocution en s'adressant au chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA). Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a immédiatement réagi en appelant la communauté internationale à «faire front commun pour faire pression sur le gouvernement iranien». Londres a fait part de sa «profonde préoccupation». L'enrichissement d'uranium est depuis plusieurs années au cœur du conflit entre l'Iran et une partie de la communauté internationale, qui soupçonne la République islamique de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil en dépit des dénégations répétées de Téhéran. Le président Ahmadinejad avait annoncé début décembre que l'Iran produirait de l'uranium à 20%, dont il dit avoir besoin pour son réacteur de recherche médicale à Téhéran, si les grandes puissances refusaient de le lui livrer à ses conditions. L'Iran a rejeté en novembre une proposition soumise le 21 octobre par le groupe des six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur l'envoi, en une seule livraison, de la plus grande partie de son stock d'uranium faiblement enrichi en Russie et en France pour y être transformé en combustible pour son réacteur de Téhéran. «La porte reste ouverte aux discussions, nous ne l'avons pas fermée», a affirmé M. Ahmadinejad hier tout en ajoutant qu'un éventuel échange de combustible devrait être «inconditionnel». Il a appuyé son propos en affirmant que Téhéran était désormais capable d'enrichir de l'uranium par la technologie laser, venue s'ajouter à celle de la centrifugation.