Le président afghan Hamid Karzaï a déclaré hier envisager un retour à la conscription en Afghanistan pour soutenir l'émergence des forces de sécurité qui doivent prendre d'ici à 2015 le relais des troupes étrangères. «C'est philosophiquement une de nos pistes de réflexion pour l'avenir, en concertation avec le peuple afghan», a-t-il déclaré devant la 46e conférence sur la sécurité de Munich. «Pour le moment, nous avons un système reposant sur le volontariat, une armée professionnelle, mais l'Afghanistan, comme d'autres pays, a une forte tradition de conscription», a-t-il fait valoir. Le président Karzaï a assuré avoir été approché par des responsables communautaires afghans qui lui ont «conseillé de revenir à une forme de conscription». Celle-ci verrait «les jeunes Afghans des provinces rallier des centres d'entraînement et apprendre quelque chose avant de rentrer chez eux». Le service militaire était obligatoire pour les 18/45 ans jusqu'en 1992 en Afghanistan. L'objectif, a rappelé M. Karzaï, est de porter les effectifs des forces de sécurité afghanes à 300 000 hommes d'ici à 2012 afin que «d'ici à cinq ans, l'Afghanistan soit en mesure d'assurer la sécurité de son peuple et ne plus être un fardeau pour la communauté internationale». Les effectifs de l'Armée nationale afghane (ANA), forte de près de 100 000 soldats, devraient être portés à 134 000 hommes en octobre 2010 et à 171 000 à l'automne 2011. Quant à la police, ses effectifs, de 84 000 aujourd'hui, devraient atteindre 109 000 hommes en octobre 2010 et 134 000 un an plus tard. De leur côté, les forces américaines et internationales comptent 113 000 soldats et devraient culminer à un peu plus de 150 000 dans les mois à venir avant les premiers retraits de troupes envisagés à l'été 2011. Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre les talibans, l'armée afghane et les forces de l'Otan lanceront prochainement une vaste opération militaire dans la province du Helmand, dans le sud de l'Afghanistan, a affirmé hier le commandant en chef des forces internationales dans ce pays, le général Stanley McChrystal. Cette opération va «envoyer un signal fort, selon lequel le gouvernement afghan étend son contrôle en matière de sécurité», a déclaré le général américain lors d'une conférence de presse. Il a également assuré que dans le cadre du programme de réconciliation proposé par le président Hamid Karzaï, avec une politique de main tendue aux insurgés repentis, l'opération qui se prépare ne sera pas seulement militaire. «Nous faisons en sorte que cette opération ne soit pas seulement militaire, mais une opération à la fois civile et militaire, car ce qui va changer ce n'est pas seulement le niveau de sécurité mais aussi la gouvernance», a déclaré le général. «Donc toute la préparation de l'opération a été menée par des civils avec l'armée en soutien, et bien sûr, c'est une opération dirigée par l'Afghanistan», a encore assuré le général américain.