Durant la période 1990-2000, la capitale a beaucoup perdu de son caractère spécifique, voire de son authenticité «sous le déluge de cités sans architecture, sans urbanité et quelquefois sans âme». Pour y remédier, la wilaya s'attelle, depuis janvier 2006, à réviser le plan d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) qui est un instrument de planification. Ce plan, selon le wali, «permettra de savoir comment nous développer avec une vision métropolitaine durant les 25 ans à venir». Le plan d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) de la capitale demeure au stade de la «révision», plus de cinq ans après le lancement du projet. Défini comme étant «un instrument de planification et de gestion urbaine qui, en divisant son territoire en secteurs urbanisés, à urbaniser, d'urbanisation future et non urbanisables», il sert à la fois à déterminer la destination générale des sols, à définir l'extension urbaine (la localisation des services et activités, la nature et l'implantation des grands équipements et infrastructures) et à déterminer les zones d'intervention sur les tissus urbains existants et les zones à protéger (sites historiques…). Devant l'extension incontrôlée de la première ville du pays, entre 1990 et 2000, la mise à jour de cet instrument était devenue plus que nécessaire à la gestion de la ville. L'ancien plan était complètement dépassé à partir du moment où des terrains destinés, à l'origine, à accueillir des projets d'équipements publics ont été utilisés à des fins personnelles, notamment dans la construction de logements. Résultat : la wilaya s'est retrouvée entre autres avec pas moins de 65 000 constructions illicites (plus de 300 000 habitants) qu'il fallait régulariser devant l'impossibilité de les démolir toutes. De plus, la wilaya avait besoin de nouvelles assiettes de terrain afin d'implanter ses projets futurs (écoles, logements…). Sur le plan de l'architecture, le mal est encore plus profond, comme le souligne le wali lui-même au début de l'année dernière : «Les réalisations nombreuses de ces dernières années n'ont pas toujours obéi à des critères d'authenticité. Les Algéroises et les Algérois s'accordent à souligner que le caractère spécifique voire authentique d'Alger a disparu sous le déluge de cités sans architecture, sans urbanité et quelquefois sans âme.» Partant de ce constat, les autorités ont conclu à la nécessité de revoir le plan alors en vigueur. C'est ainsi que le comité de pilotage du plan, regroupant notamment plusieurs directeurs de wilaya ainsi que des universitaires, a été officiellement installé le 25 janvier 2006 par le wali Mohamed Kébir Addou. Cette révision est en chantier à ce jour, à en croire les dernières déclarations de M. Addou. A l'occasion de la dernière session annuelle de l'Assemblée populaire de wilaya, organisée le 25 décembre 2009, le wali a en effet déclaré : «(…) Un bureau d'études étranger a été chargé de réaliser une étude qui nous permettra de savoir comment nous développer avec une vision métropolitaine, durant les 25 ans à venir.» Le bureau d'études dont a parlé le wali n'est autre que le portugais Expo 98. Ce dernier s'est vu confié cette tâche dès janvier 2008, selon la direction de l'urbanisme de la wilaya. La «révision» devait coûter la somme de 361 millions de dinars. Expo 98, de son côté, est censé terminer son travail avant la fin de cette année. La révision du PDAU a toujours constitué une des priorités de la wilaya et des hautes autorités. A l'occasion de l'audience accordée au wali, durant le Ramadhan 2006, le président de la République a «rappelé l'impérative nécessité de poursuivre la révision du PDAU». Celle-ci (la révision) «doit s'inscrire dans le cadre d'une stratégie d'évolution de la capitale, l'objectif étant d'aboutir à l'élaboration d'un plan d'urbanisme qui doit être le document de référence de la gestion de la ville et de son développement d'une manière générale», a dit le chef de l'Etat. Le comité de pilotage a rencontré beaucoup de difficultés dans son travail d'élaboration des thèmes de référence des cahiers des charges à remettre au bureau d'études. Ces difficultés ont été publiquement signalées au cours d'une réunion de travail tenue début mars 2006. La direction de l'urbanisme, qui a chapeauté le comité, ne disposait pas, par exemple, d'une liste exhaustive de tous les projets à lancer ou en cours de réalisation sur le territoire de la wilaya.