Le président du Conseil italien ne sait plus comment se dégager du filet. Quand le nom de Silvio Berlusconi est cité, le scandale n'est jamais très loin. Requinqué après l'affaire du coup de la statuette, le voici qui revient au devant de la scène politico-judiciaire. Pas l'ombre d'une cool girl, la nouvelle saga se déroule ailleurs que sur les hauteurs de Milan. Devant les juges d'un tribunal italien. Appelé à témoigner au procès d'un général carabinier accusé de complicité avec la mafia, le fils de l'ancien maire mafieux de Palerme a avoué à la barre que Forza Italia, le premier parti d'El Cavaliere, n'était autre que le fruit de tractations entre l'Etat et la mafia. Rien que cela. Sauf que ce n'est pas la première fois que le nom du président du Conseil est mis en cause lors de procès anti-mafia. Décembre dernier, un autre repenti avait révélé à la justice que Berlusconi et son ex-bras droit avaient été les interlocuteurs directs de Cosa Nostra lors de la vague d'attentats à la bombe de 1993. Dix ans auparavant, l'ancien numéro 2 de cette même organisation affirmait l'existence d'un pacte unissant la formation politique de Silvio Berlusconi et la mafia. En contrepartie d'une élection certaine de ses candidats, le parti devait permettre la révision des grands procès anti-mafia, l'abolition de la loi portant sur la saisie des biens mafieux et l'assouplissement du régime carcéral des membres de Cosa Nostra. En possession de toutes ces révélations, la justice italienne ira-t-elle jusqu'à diligenter une enquête contre le leader de Forza Italia pour ses liens soupçonnés avec la mafia ? Pas si certain, El Cavaliere risquerait à passer plus de temps devant la barre que derrière son bureau. A défaut de charges retenues contre sa personne, les médias italiens ne vont pas se priver d'étaler en long et en large ce nouveau scandale au point que la tentative d'assaut de présumés miliciens iraniens contre l'ambassade d'Italie à Téhéran passerait sous silence. Tout comme les excès de panique qu'a engendré la projection du film d'horreur Paranormal activity dans les salles obscures italiennes. Pourtant, dans le réel, le président du Conseil italien a tant à faire dans une Europe qui, après cent jours à vide et de crise, vient de ressortir la tête de l'eau. Les vingt-six commissaires de l'équipe Barroso II ont été adoubés par les eurodéputés. Ce qui laisse croire que l'UE va se laisser pousser des ailes. Elle en a tant besoin pour voler au secours de la Grèce contemporaine dont l'économie est à bout de souffle. L'Italie de Berlusconi comptera-t-elle parmi les pays de la zone euro qui s'apprêtent à octroyer des aides exceptionnelles d'Etat à Etat à Athènes ? El Cavaliere sera-t-il tenté de mettre la main à la poche pour faire oublier ses scandales ? En associant immigration et criminalité, il ne faut plus s'attendre à des miracles de sa part.