«C'est la drogue ou la mort. Je ne peux pas m'en passer», déclare le détenu de 33 ans, inculpé d'usage de stupéfiants, à Saloua Makhloufi, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger). - «C'est vrai, vous ne pouvez plus vous passer de drogue ? Voulez-vous être soigné ? Voulez retourner en prison ? Que va faire le tribunal avec vous ? Cela va bien faire, car vous êtes une vieille connaissance pour le seul tribunal de Bir Mourad Raïs, mais encore à Chéraga qui relève de la cour de Blida, mais aussi de Hussein Dey», égrène la juge qui semblait O.K. pour aller aux débats le plus vite possible et achever le rôle du jour. Le détenu baisse la tête qu'il enfonce entre ses épaules et se dit prêt à répondre aux questions du tribunal. Malheureusement pour lui, le tribunal avait pris acte dès le début de l'audience de l'absence de volonté de l'inculpé qui s'était autoproclamé malade-drogué invétéré qui refuse les soins pour reprendre du poil de la bête, car il a laissé échapper la malheureuse formule consacrée propre aux défaitistes : «C'est la drogue ou la mort.» Donc si l'inculpé a l'intention de jouer la comédie, il doit laisser tomber, car la présidente n'est pas une magistrate à se laisser rouler facilement. - «Imad, nous allons aller, si vous le voulez bien, droit au but. Et je répète que vous êtes d'abord prié de dire au tribunal ce délit et ce flagrant délit», martèle sans perdre patience la présidente, si bien dans sa peau qu'elle ne connaît jamais de menus incidents dans cette salle, malheureusement trop exiguë pour pouvoir accueillir plus de monde. C'est pourquoi lorsque l'inculpé d'usage de stupéfiants, qui n'en était pas à sa première comparution, eut entendu les douze mois de prison ferme prononcés par la magistrate, il baissa la tête et attendit que la juge l'autorise à regagner les geôles du tribunal avant de revenir aux quatre ha retrouver des centaines de condamnés pour le même chef d'inculpation, mais pas forcément pour les mêmes motifs. Entre-temps, Makhloufi entendait un inculpé de coups et blessures volontaires contre le papa, venu, en victime, pleurer, se lamenter.