Le latéral gauche de l'EN, Nadir Belhadj, buteur samedi en FA Cup, est revenu dans un entretien accordé à FootMercato, sur ses difficultés avec Portsmouth et ses aspirations futures. Quelle est vraiment la situation de Portsmouth vue de l'intérieur. Comment la vivez-vous ? Nadir Belhadj : Pour vous dire la vérité, on n'en sait pas plus que vous. C'est difficile. Financièrement, il y a des problèmes. Il y a eu un jugement ce mercredi, et le club a une semaine pour régler tout cela. On a entendu qu'un investisseur venant de Hong Kong, mais je ne pense pas que cela soit vrai, puisque personne n'est venu nous voir. Dans les médias, on parle de salaires impayés. Est-ce vrai ? Les salaires sont payés, mais tout le temps en retard… Sportivement, la saison passée, ça s'est plutôt bien passé pour vous (29 rencontres en Premier League, 2 buts). Cette année, c'est un peu plus compliqué (14 apparitions, 2 buts). Comment vivez-vous tout cela ? C'est difficile. Quand je suis arrivé, l'entraîneur, c'était Harry Redknapp, il y avait de très très grands joueurs. Mais progressivement, ils sont partis, et maintenant c'est difficile. On joue le maintien, on a 8 points de retard et ça va être compliqué. D'un point de vue personnel, je ne sais pas. L'entraîneur ne me fait pas tout le temps jouer. C'est assez bizarre. Comme on est dans une situation difficile, il a préféré mettre des joueurs plus combatifs que moi parce que moi je suis plutôt un joueur de ballon. Mais je n'ai aucun souci, je m'entraîne bien et tout va bien. Au cours du mercato d'hiver, on a beaucoup entendu votre nom comme celui de nombreux joueurs de Portsmouth. Pourtant, vous êtes resté. Aviez-vous des contacts concrets ? Mon agent a été contacté par des clubs. On me voulait en prêt avec option d'achat pour un prix dérisoire, ils pensaient ramasser les miettes comme le club est en faillite. Portsmouth voulait vendre. Leur position était claire : ou on le vend, ou il reste, mais on ne le prêtera pas. Il y avait des clubs en Angleterre et à l'étranger. J'avais deux ou trois touches un peu partout. Mais comme le club est en faillite, il demandait un prix exorbitant, 6-7 M€ ! Et comme je ne jouais pas, à peine trois matches… Les clubs intéressés ont attendu… En voulez-vous au club de vous avoir un peu retenu ? Non, je comprends. Au regard de leur situation, c'est difficile de leur en vouloir. On se serre les coudes, on essaye de faire le maximum pour sauver le club de cette situation catastrophique. Si ça n'avait tenu qu'à vous, seriez-vous parti ? Oui, j'aurais préféré partir. Pas par rapport à l'argent ou à la situation du club, mais juste pour retrouver du temps de jeu. Je ne jouais pas, c'est pour cela que je voulais partir. D'autant qu'il y avait la CAN puis la Coupe du monde. Et sans compétition dans les jambes, c'est difficile… Le maintien paraît dur à assurer. Pensez-vous déjà à la saison prochaine ? La situation est compliquée, c'est clair. Mais on va recevoir des adversaires directs. Alors si on prend les points… Autrement… Je suis concentré sur Portsmouth, car je veux bien me préparer pour la Coupe du monde. ça fait des années que l'Algérie attend cela... Je déciderai de mon avenir après la Coupe du monde. Et le club me fait confiance, il faut que je reste concentré pour essayer de sauver le club et préparer le grand rendez-vous de cet été. En parlant de Coupe du monde, quel bilan dressez-vous de la dernière CAN avec l'Algérie ?C'était un bon test pour nous. Je pense qu'on a bien réussi malgré un mauvais départ. Je pense qu'on a répondu présent au cours de cette CAN. De l'extérieur, on a le sentiment qu'une équipe est en train de naître. Pensez-vous avoir le potentiel pour bien figurer et pourquoi pas sortir de votre poule en Coupe du monde ? On est dans un groupe très difficile. L'Angleterre est le grand favori, il n'y a pas problème là-dessus. Les Etats-Unis ont déjà joué des Coupes du monde et la Slovénie est également une bonne équipe. On va prendre match après match. Il ne faut pas griller les étapes et continuer à travailler comme on l'a fait ces derniers temps. On a des qualités, mais on a aussi des lacunes qu'il faut gommer. Je pense qu'on a une bonne équipe et qu'on peut faire quelque chose. On n'a rien à perdre. On va donner le maximum. Au sein de la sélection algérienne, de nouveaux joueurs sont arrivés pendant les qualifications. D'autres pourraient prochainement les imiter. Comment le groupe vit cela ? Il n'y a aucun problème, c'est comme ça, c'est le foot. Ils sont les bienvenus. Ce sont des Algériens comme nous et s'ils peuvent tirer l'équipe vers le haut, il n'y a aucun problème. Après, c'est le coach qui décide. C'est une sélection, la porte est ouverte à tout le monde. En club comme en sélection, vous évoluez avec Hassan Yebda. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Hassan, c'est un très très bon joueur. C'est un travailleur, il apporte énormément d'expérience. Les gens ne le connaissent pas trop parce qu'il était au Portugal et qu'il n'est resté qu'un an au Mans. Il est indispensable en équipe d'Algérie et à Portsmouth. C'est un très bon joueur. Cette semaine, c'est le retour de la Ligue des champions. Votre ancien club Lyon joue contre le Real Madrid. Quel est votre regard sur l'OL ? Je les suis toujours. Je suis passé par là-bas, c'est un très bon club. Cette année, c'est une saison de transition, pas mal de joueurs sont partis. D'autres sont arrivés, il y a un entraîneur qui doit gérer ça. C'est pour cela qu'il y a quelques difficultés. ça n'a rien à voir avec le groupe.Il est de qualité. Je pense que quand la machine sera rodée, on retrouvera le Lyon dominateur. Ils ont de très bons joueurs. Il y a eu beaucoup de changements. Contre le Real, sur un match, tout est possible. Les joueurs seront à fond, on verra ! * La Ligue des champions, ça vous donne forcément envie… Bien sûr. N'importe quel joueur veut jouer cette compétition. C'est magnifique de jouer la Ligue des champions. Je l'ai déjà jouée. Il y a des buts, des grandes équipes, le jeu est ouvert. Cette compétition est vraiment magnifique. Est-ce qu'un jour vous aimeriez revenir en France ? La France, on y pense toujours. Je regarde souvent les matches, Jour de Foot. On est beaucoup d'anciens du championnat de France dans les vestiaires à Portsmouth et on en parle. J'ai grandi là-bas, ma famille et mes amis sont là-bas. Alors, pourquoi pas, un jour revenir en France.