Ils sont des centaines, voire des milliers à s'adonner à une habitude destructrice. La plupart d'entre eux ont à peine 30 ans. Mais leur vie est déjà hypothéquée par un joint, un comprimé, une poudre ou encore une seringue. Le centre de désintoxication de l'hôpital Frantz Fanon de Blida est la seule structure, malheureusement, dans notre pays qui traite ces sujets. Et ce, malgré le nombre croissant des victimes de ce fléau. Cette structure est gérée par le Dr Habibeche, un psychiatre de renom qui a su marier médecine et psycho-sociologie. Un art et un savoir-faire qu'il met, d'ailleurs sans mesure, au service de ces jeunes hommes et… femmes ruinés par la drogue. Les victimes rencontrées lors de notre déplacement dans cette structure ont toute ou presque commencé avec la cigarette, le tabac à chiquer pour déboucher sur la drogue et autres stupéfiants dangereux les uns que les autres. Les raisons d'une telle débauche sont multiples, les facteurs aussi. Pour Lyes, c'est la curiosité et la mauvaise fréquentation, Fouad est poussé vers ce vice par oisiveté et «dégoût», Sofiane par habitude de prendre du plaisir et noyer des soucis dans un verre de vin et enfin Nassima s'est retrouvée dans ces filets à cause du célibat. Nous les avons tous rencontrés et eu des entretiens avec eux, excepté Nassima qui est morte il y a deux jours d'overdose, à l'âge de 37 ans. Selon M. Habibeche, maître assistant en psychiatrie et chef du service en question, les patients suivent une cure de 21 jours tout en étant pris en charge par une équipe pluridisciplinaire composée de psychiatres, de psychologues, de sociologues, de médecins généralistes et de paramédicaux. «Ils viennent chez nous de leur plein gré ou sur recommandation émanant d'un médecin ou encore des associations qui activent dans ce domaine.» L'âge des patients varie entre 20 et 30 ans et ils ont commencé à consommer les drogues par simple curiosité ou parce qu'ils sont victimes de la misère, de la promiscuité, du chômage, du vide, de l'exclusion, des conséquences du terrorisme, des conflits familiaux, de l'effet d'accoutumance après une prise de certains médicaments, de l'omniprésence des stupéfiants, nous dira-t-il. Le service accueille 50 patients, 40 lits pour les hommes et 10 destinés aux femmes. Ce centre est le premier à voir le jour en Algérie en 1997, un deuxième a été créé il y a quelques années à Oran, et ce, en attendant l'ouverture de «15 nouveaux centres de ce genre à travers le pays», ajoute le Dr Habibeche. Pour le traitement, il nous affirme que «ce centre vise à prendre en charge les effets symptomatiques qui se déclenchent après la période de l'arrêt de la consommation de la drogue, soit la phase du sevrage, à travers des prescriptions médicamenteuses ou des séances de psychothérapie».