Il n'a manqué à Avigdor Lieberman, le patron de la diplomatie israélienne, qu'à se payer la tête des Européens. A croquer sa plaisanterie, ceux-là doivent cesser de trop regarder les films de James Bond afin d'éviter de tomber dans le panneau des accusations gratuites. Le Mossad ne serait pour rien dans le meurtre du cadre du Hamas palestinien. Bien qu'identifiés, les onze membres du commando seraient des anges en culotte courte, mordus de terre battue qu'offrent les palaces de l'émirat de Dubai. Mon œil ! A moins que ce même Lieberman parvienne à convaincre ses hôtes européens de l'annulation de l'escale d'Ehud Barak à Paris où il devait y rencontrer Bernard Kouchner. Que les médias ne sombrent pas dans l'hystérie, ce n'est qu'une histoire d'agenda chargé. Le ministre de la Défense israélien a tant à faire aux Etats-Unis ! Notamment, rendre visite à Dick Cheney. Le faucon républicain a été admis à son tour dans un hôpital de Washington après que Bill Clinton ait quitté un autre sans trop de complications. Mais allons, un peu de retenue, Ehud Barak n'allait tout de même pas serrer la main à Bernard Kouchner qui s'est déclaré la veille en faveur de l'établissement et de la reconnaissance de l'Etat de Palestine avant de décider d'un tracé définitif de l'amovible ligne verte. Pourtant, en plus du «rappel à l'ordre» de François Fillon à l'adresse de Kouchner à partir du royaume hachémite, Nicolas Sarkozy et Mahmoud Abbas sont tombés d'accord à l'issue d'un déjeuner de travail à l'Elysée : les négociations d'abord, la proclamation d'un Etat palestinien après. Et en matière de négociations palestino-israéliennes, la France a promis de nouvelles initiatives. Il faut d'abord que le dialogue puisse être renoué avant qu'une troisième Intifada n'éclate, a mis en garde le président Sarkozy. La paix définitive au Proche-Orient passerait-elle nécessairement par un règlement du conflit syro-libano-israélien ? Si le Premier ministre français s'est rendu à Damas, une première depuis 1977, ce n'était pas pour faire du tourisme dans le vieux marché de la ville. Mais c'est parce que la France post-Chirac croit en la volonté des Syriens à aller de l'avant. Si, bien sûr, les propositions de paix israéliennes sont un peu plus sérieuses que celles présentées jusque-là par les gouvernements successifs de Tel-Aviv. Malgré cette «régénération» diplomatique de Paris au Proche-Orient, Ehud Barak a semblé en faire fi. Il n'a même pas daigné larguer un message d'excuses aux autorités françaises. Ce, malgré ses carences démoralisantes. Quoi que cela coûte, Ehud Barak est arrivé à faire entendre la voix de ses maîtres du Likoud à Washington. Non à un Iran nucléarisé même si l'état-major militaire US vient de reconnaître qu'une frappe contre les mollahs ne serait pas décisive. Elle semble l'avoir été également contre les talibans en Afghanistan où les Etats-Unis viennent de perdre leur millième soldat. Et où l'Otan n'a pu faire autrement que de présenter de plates excuses pour sa énième bavure. Ehud Barak n'a pu qu'être déçu de la morosité ambiante à Washington.