«Soyez tranquilles. Il n'y aura pas de passage de priorité parce qu'on occupe la voie publique», a déclaré hier le wali, Mohamed Kébir Addou. Le message s'adresse à tous les demandeurs de logements qui craignent que la priorité soit accordée aux citoyens provoquant le désordre public. La wilaya d'Alger distribuera plus de 10 000 logements d'ici octobre 2010 et l'opération commencera dès la semaine prochaine. C'est ce qu'a annoncé hier le wali, Mohamed Kébir Addou, à l'ouverture des travaux de la première session annuelle de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) consacrée au dossier de la formation professionnelle. Ce vaste programme de relogement est destiné à recaser des familles inscrites dans toutes les catégories de demandeurs de toit. M. Addou en cite huit segments. Il s'agit, en premier lieu, des postulants dont les dossiers sont étudiés par les commissions techniques d'attribution installées au niveau des treize wilayas déléguées de la capitale. Le deuxième segment concerne les habitants occupant des appartements de type F1 ou F2 dans les cités construites à l'époque coloniale. Ces familles seront évacuées dans le cadre du plan de «restructuration des quartiers», précise-t-on. Le troisième segment regroupe les résidants dans les baraques des communes du centre-ville. Ce programme de relogement concerne aussi les familles qui continuent de vivre dans les bâtiments menaçant ruine aussi bien dans les communes du cœur d'Alger que dans la Casbah. Les trois dernières catégories sont les familles transférées provisoirement vers les chalets, celles qui vivent dans les cimetières (El Alia et Sidi Yahia) et celles qui logent sur les terrasses des immeubles. Le programme sera réalisé quartier par quartier au regard de moyens qu'il faut mobiliser à chaque fois. Selon M. Addou, l'évacuation d'une cité exige en effet la mobilisation de 3000 à 4000 agents, 1000 camions et 200 bus. «Nous allons réquisitionner des moyens au détriment des chantiers», explique-t-il. Le wali n'a pas donné le nom de la cité où l'opération sera inaugurée, mais tout porte à croire que ce seraient les habitants de Diar Echams, dans la commune d'El Madania, qui seront relogés en premier.
«Une opération progressive» La wilaya est donc sur le point de vivre des moments particuliers comme à chaque fois qu'un programme de distribution de logements est annoncé. Aussi, le wali tente de calmer les esprits. «L'opération est progressive. Elle ne prétend pas régler tous les problèmes le même jour. Elle demande de la discipline, de la compréhension et de la patience», déclare-t-il. Par «opération progressive», l'orateur signifie qu'elle s'inscrit dans le temps. En plus des 10 000 logements retenus, la wilaya commencerait, vers la fin 2010 et début 2011, à réceptionner les premiers quotas de logements du programme destiné à l'éradication des bidonvilles qui ceinturent la première ville du pays. Ce projet, inscrit en 2007, est doté de 35 000 unités, dont 29 000 sont mis en chantier. Le wali se veut également rassurant quant aux conditions de déroulement de l'opération en cours de lancement. «Les citoyens sont tous recensés. Il n'y aura pas de place pour la fraude, il n'y aura pas de place pour le passe-droit», affirme-t-il. Il ajoute : «Soyez tranquille. Il n'y aura pas de passage de priorité parce qu'on occupe la voie publique». Le wali semble s'adresser aux habitants du quartier Zaâtcha de la commune de Sidi M'hamed. Ces derniers ont provoqué une émeute, mardi, à cause des promesses de recasement non tenues. «A Diar Echams, il a fallu une seule émeute pour que les responsables réagissent et vite. Cela fait des années que nous ne cessons d'expliquer notre cause aux autorités (…) malheureusement rien n'a été fait», a déclaré un délégué de Zaâtcha cité hier par Liberté. En clair, les habitants de Zaâtcha ont occupé la voie publique pour tenter «un passage de priorité» et le wali leur oppose une fin de non-recevoir. En optant pour le refus de ces «passages de priorité», la wilaya tente d'éviter d'autres manifestations de rue ou des situations extrêmes comme la dégradation du logement (ou chalets) occupé actuellement pour imposer aux autorités de gérer une situation d'urgence. A ce sujet, M. Addou précise avoir instruit les walis délégués de mener l'opération dans la «transparence» avec la collaboration des comités de quartiers et des APC. «On fera en sorte que ce sont les gens qui méritent qui bénéficient», promet le wali. En cas d'«erreurs», il invite les citoyens mécontents à saisir la commission des recours.