Belle campagne que mènerait Joe Biden à Tel-Aviv pour le compte des prochaines élections américaines de mi-mandat ? Il aurait certainement réussi un carton plein si Benjamin Netanyahou n'est pas venu mettre son grain de sable. Sans même attendre que le vice-président américain ne rentre chez lui, «Bibi» a autorisé la construction de 1600 nouveaux logements dans la partie Est d'Al Qods. Joe Biden n'a pu faire passer l'éponge sur la fraîche façade. Encourager la colonisation et applaudir, en même temps, la reprise des pourparlers indirects avec les Palestiniens ne rime à rien. Si ce n'est au comble du paradoxe. Sous la direction de Benjamin Netanyahou, ce cirque a-t-il de beaux jours devant lui ? Le chef de l'Autorité palestinienne s'en est inquiété, appelant les 22 de la Ligue arabe à agir après que ceux-là ont cautionné ces mêmes négociations indirectes. Seront-elles déclarées mort-nées avant que les négociateurs désignés ne puissent se serrer la main ? La tendance est à l'échec, Netanyahou et les ultras de son gouvernement ne sont pas prêts à stopper la bétonnière ni à ralentir ses rotations. Les animateurs de ce cirque comptent-ils sur leurs alliés américains pour convaincre les Palestiniens de l'importance de la reprise du dialogue indirect malgré le non-respect des Israéliens de leur moratoire sur la colonisation ? Que ces pourparlers indirects reprennent ou non, l'Etat hébreu n'en ferait pas son point d'honneur. Sa sécurité passera par l'abdication des mollahs d'Iran et leur renoncement définitif à leur présumé programme nucléaire militaire et non par la résolution du conflit palestino-israélien. Priorité pour les autorités de Tel-Aviv qui n'ont eu d'oreilles que pour les assurances de Joe Biden à ce propos. Shimon Pères peut dormir sur les siennes, l'Amérique d'Obama protègera Israël contre cette menace de l'ancienne Perse. Toutefois, elle éviterait de le faire par la force, l'isolement diplomatique ayant fait ses preuves depuis l'entrée des démocrates à la Maison Blanche. Mais qu'adviendra-t-il de la certitude de Joe Biden selon laquelle la sécurité d'Israël ne peut être garantie qu'après la normalisation des relations arabo-israéliennes ? La paix des braves peut encore attendre malgré la disponibilité du gouvernement d'Ankara à assurer le rôle de médiateur sur le volet syro-iranien. Parce que le régime Téhéran compterait de moins en moins d'amis dans le monde que l'occasion est propice pour lui régler son compte au Conseil de sécurité de l'ONU dans les mois à venir. Mais pas avant la dissipation des réticences persistances des Chinois et celles des Brésiliens. D'ici à ce qu'ils puissent reprendre leur revanche sur le temps perdu, Américains et Européens constateront-ils l'apparition de profondes fissures dans le pilier transatlantique ? La bataille du ciel, engagée entre Eads et Boeing autour de ravitailleurs US, n'agiterait que le spectre du protectionnisme et demeurerait sans incidences graves sur les vœux communs des Occidentaux à protéger leur allié israélien. Netanyahou peut continuer à diriger son cirque comme il le désire, le chapiteau euro-américain est conçu pour résister à toutes les tempêtes diplomatiques d'où qu'elles viennent. «Dubaïgate» incluse.