Le renvoi du procès du Béchar, pressenti pour diverses raisons, a suscité quelques réactions de la part des familles et proches des inculpés, mais également de quelques défenseurs qui évoquent un vice de forme pour non-conformité avec le code de procédure pénale. Ce procès censé être révélateur et devant prendre plusieurs jours, s'est terminé en queue de poisson. Dès les premières heures de la matinée du jeudi, la grande foule qui s'était amassée devant la cour d'Alger était un indice révélateur de l'importance du procès durant lequel le PDG de la Cnan ainsi que quatre de ses cadres, condamnés en 2006 à des peines de 15 ans de réclusion, devaient comparaître. Une ambiance particulière régnait dans la salle d'audience où avocats, journalistes, observateurs et autres proches des inculpés piaffaient d'impatience pour prendre connaissance «de la teneur des nouvelles révélations sur ce drame, annoncées par voix de presse de la part de la défense». Après la désignation des jurés, le début du procès présidé par le juge Benkherchi a été marqué par quelques réticences de part et d'autre. En sus des raisons à l'origine des réticences exprimées par certains avocats de même que par un des inculpés, en l'occurrence M. Koudil, PDG de la Cnan, le procès devait prendre une tournure inattendue. L'annonce du renvoi a été ressentie comme une onde choc par l'assistance et plus particulièrement par les familles des détenus qui espéraient un épilogue aux souffrances de leurs proches qui leurs souriaient à partir du box des accusés. Avant le début du procès, une rumeur faisant état du remplacement du président Benkherchi alimentait une large polémique parmi les défenseurs dont les avis convergeaient et divergeaient à la fois. A ce sujet, devait indiquer maître Miloud Brahimi, «une correspondance rédigée à l'adresse du président de la cour par un nombre d'avocats convoitait le remplacement du président de l'audience (Benkherchi), conformément à l'article 260 du code de procédure pénale qui stipule que les magistrats ou membres de la chambre d'accusation ne sont pas habilités à présider l'audience criminelle», ajoutant que «le président Benkherchi avait produit les mandats de dépôt des inculpés alors qu'il exerçait à la chambre d'accusation lors du premier procès, ce qui, selon le code, ne lui donne pas le droit de présider cette audience». Par ailleurs, une source judiciaire indique, dans ce sens, que «le président de la cour a affiché une fin de non-recevoir à cette requête visant à récuser le président de l'audience désigné par la cour». La défense mécontente du renvoi Le motif d'absence des avocats de deux inculpés (Amour Mohand Ouramdane et Ikheladen Kamel) à l'origine du renvoi prononcé par le président a fait également des mécontents du côté de la défense. Maître Chorfi, un des avocats du bâtonnat composant la défense, devait, pour expliquer le non-fondement de ce renvoi, indiquer que «le code de procédure pénal impose au président de l'audience de se rendre auprès des inculpés durant les 8 jours précédant le procès, afin de s'enquérir de leur représentation et de confirmer leur assistance par des avocats», ajoutant que «dans le cas contraire, il devrait nommer des avocats d'office et non pas attendre la tenue du procès pour prononcer le renvoi et pénaliser davantage les inculpés». Sur un ton ironique, ce dernier lança : «Nous avons effectué une virée en bateau qui, au départ, devait nous mener vers le large mais qui, en fin de compte, n'a pas excédé la jetée». Dès le début du procès et sur interrogation du président, le PDG de la Cnan devait faire une déclaration pour le moins inattendue mais qui a toutefois porté atteinte à la dignité et au crédit des avocats en charge de sa défense. «Je demande la présence de maître Brahimi en tant qu'avocat principal», devait lancer Koudil, à la grande surprise des avocats présents. Une déclaration qui, somme toute, porta atteinte à l'unicité de la défense et qui, par voie de conséquence, suscita la réaction immédiate de maître Amara qui se désista de cette affaire estimant être touché dans sa dignité et sa crédibilité. En définitive, il convient de savoir que nul ne peut connaître la date du début de la prochaine session criminelle dès lors que la session actuelle est encore en cours. Cependant et selon les prévisions avancées par les uns et les autres, le procès pourrait éventuellement se tenir en septembre.