Impitoyable avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, la presse israélienne s'est alarmée de la «crise ouverte» avec Washington, au vu des vives réactions américaines à l'annonce, durant la récente visite du vice-président Joe Biden, d'un nouveau projet de colonisation à Jérusalem-Est. L'annonce de la construction de 1600 logements juifs dans El Qods-Est a été ressentie comme une «humiliation» par le principal allié d'Israël, a exaspéré les Palestiniens et suscité les condamnations de la communauté internationale. Selon son entourage, Netanyahu a été «surpris» par la vive réaction américaine. Mais analystes et médias ne sont pas convaincus. Pour eux, Netanyahu a voulu jouer au plus fin entre l'aile droite de sa coalition, attachée à la colonisation, et les Etats-Unis, qui veulent une relance du processus de paix, et il a échoué pitoyablement. «Il s'agit d'une crise très sérieuse. Durant sa première année au pouvoir, Netanyahu a très finement manœuvré, comme un funambule sur son fil. Mais cette fois, il est tombé par terre», estime Alon Liel, un ex-directeur des affaires étrangères. «Le moment de vérité est arrivé. Netanyahu doit décider s'il est sérieux et s'il veut répondre honnêtement aux demandes américaines et internationales», dit-il. Pour le quotidien Haaretz (gauche), «la crise longtemps attendue entre Israël et les Etats-Unis depuis que Benjamin Netanyahu a pris ses fonctions (le 1er avril 2009) a finalement éclaté». Netanyahu «va devoir choisir entre, d'une part, ses convictions idéologiques ainsi que son alliance avec la droite, et de l'autre la nécessité de garder le soutien des Etats-Unis», affirme le journal. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a, lors d'un entretien téléphonique de près d'une heure avec Netanyahu vendredi, employé des mots très durs pour condamner l'attitude israélienne jugée «profondément négative» envers Washington. Pour tenter de calmer le jeu, le premier ministre a exprimé ses regrets, mais uniquement sur le moment choisi pour annoncer le projet de colonisation.