En réaction à l'appel de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), qui appelle les meuniers et les opérateurs économiques spécialisés dans les pâtes alimentaires à s'approvisionner en blé dur auprès de l'office au lieu de recourir à l'importation, certains chefs d'entreprise ont conditionné l'application par la capacité de cet organisme de régulation à «sécuriser les approvisionnements». L'OAIC a avisé les transformateurs de céréales qu'ils avaient jusqu'au 1er juin pour reprendre leurs approvisionnements en blé dur national sous peine d'être exclus des prestations de l'office en cas de renchérissement des prix mondiaux de ce blé. Cette mesure est appréciable dans la mesure où elle permettra aux meuniers de s'approvisionner en blé dur à des prix préférentiels, pensent certains opérateurs de l'agroalimentaire, considérant toutefois que la production nationale ne peut à elle seule satisfaire les besoins. Même en l'absence de données sur la demande, les opérateurs pensent que la production en blé dur, qui a été de 2,4 millions de tonnes en 2008-2009, «ne couvrira pas la totalité des besoins».Le recours au marché international ne sera pas totalement exclu, pensent-ils. Pour M. Yalaoui, consultant et ex-président de l'association des exportateurs algériens, la décision du ministère du Commerce d'arrêter l'importation du blé dur «est un grand effort pour équilibrer le commerce extérieur». Sollicité pour donner son avis à propos de la mesure d'interdiction des exportations des produits alimentaires fabriqués à base de blé dur subventionné, M. Yalaoui, qui se qualifie de «défenseur de la diversification des exportations», a souhaité le maintien de cette décision. Les exportations en pâtes alimentaires sont de toutes les manières faibles et ne représentent pas d'importantes recettes pour l'Algérie, comparativement aux pays du pourtour méditerranéen qui exportent de grandes quantités. Le groupe Sim engage une enquête D'autre part, «les opérations d'exportations algériennes ne sont pas régulières», a-t-il remarqué, recommandant aux exportateurs d'améliorer la qualité de leurs produits et garantir la stabilité des approvisionnements de leurs clients. Pour les entreprises exportatrices, à l'image du groupe Sim, il est encore tôt de se prononcer sur la mesure d'arrêter les importations de blé dur. Le groupe prépare actuellement une étude qui lui permettra d'avoir une vision plus claire. Des propositions seront également faites au gouvernement notamment pour ce qui concerne l'exportation des pâtes alimentaires. Par ailleurs, certains économistes recommandent de profiter de la conjoncture actuelle du marché mondial à l'occasion de la baisse des cours mondiaux pour reconstituer les stocks du pays en blé dur. En effet, selon le Conseil international des céréales, «les marchés internationaux de blé ont faibli devant l'ampleur des disponibilités à l'exportation et les perspectives généralement favorables pour la prochaine récolte» à travers plusieurs régions du monde. Plusieurs pays, poursuit le conseil, «ont saisi cette occasion pour compléter leurs achats».