Le poisson se fait rare sur les étals des vendeurs du port de Bouharoun. Ayant atteint des prix faramineux, jusqu'à 400 DA, la sardine est introuvable dans cette enceinte portuaire où pêcheurs et vendeurs déplorent la commercialisation de poisson surgelé importé par des «arrivistes». Les pêcheurs et les marchands de poisson du port de Bouharoun affirment que l'absence de sardine sur les étals de vente est d'ordre naturel. «Par température très basse, les sardines sont en dehors du périmètre de pêche pour se reproduire», a indiqué H'med, un commerçant activant sur les lieux. Ses camarades exerçant le même métier, ainsi que des pêcheurs, disent que durant tout le mois de mars, la sardine brillera par son absence. Mais après, la sardine se vendra dès le mois d'avril entre 100 et 150 DA. Elle pourrait même être cédée en fin de journée, durant le mois d'avril, entre 50 et 70 DA. Pour l'instant, affirment les poissonniers, les citoyens se contentent de la latcha, une espèce cousine de la sardine, mais dont le goût diffère légèrement. Elle est à 250 DA le kg. Quant au rouget, le poisson loup tigré et le pageot, ils sont vendus respectivement à 1000, 800 et 700 DA. La crevette moyenne est à 800 DA et la royale à 2 200 DA le kg. Les pêcheurs se disent «pris en otages». Certains d'entre eux, expliquant les problèmes qu'ils rencontrent régulièrement, n'ont par pris le large depuis un mois minimum. «Ce chalutier que vous voyez en face n'est pas sorti depuis 6 mois», nous a-t-il déclaré. Les vendeurs que nous avons approchés ont profité de l'occasion pour dénoncer ce qu'ils appellent la destruction de la filière de la pêche par les importateurs de poissons congelés : «Nous n'avons ni assurance sociale, ni pension de retraite. Pour nourrir nos enfants et subvenir aux besoins de nos familles, nous passons plus de 15 heures au port pour écouler les quantités de poissons que nous achetons à l'aube. Les importateurs tuent notre métier en continuant à faire entrer du poisson surgelé sur le territoire national et le vendent à des prix concurrentiels certes, mais d'une manière déloyale. Non seulement leur poisson est vieux de 15, 20 ou 30 jours, mais en même temps, c'est le poisson frais que nous proposons aux acheteurs qui ne trouve pas preneurs. Raison pour laquelle on nous reproche du vendre du surgelé. Ce qui est vrai, mais notre marchandise ne dépassent pas les 5 jours».