Si les résultats du premier tour des élections régionales du 13 mars, qui ont placé le Parti socialiste français nettement en tête, se confirmaient, comme le pronostiquent tous les sondages, au second tour aujourd'hui, il ne faudrait y voir rien moins un rejet du «sarkosysme» et non pas un virement à gauche de la France. Les électeurs français ne se sont pas montrés très passionnés pour ces élections régionales marquées, dimanche, par une abstention historique de plus de un électeur sur deux. C'est quoi les régions ? D'ailleurs, de ces régionales, ils n'en sassent pas très bien l'utilité. Des régions pourquoi faire ? Les partis politiques ont eu beau démontrer sur toutes les chaînes de télévision la vocation économique et sociale de ces circonscriptions, cela n'a pas convaincu pour autant les électeurs qui ne manifestent pas davantage d'intérêt pour les européennes. L'abstention est parfois aussi élevée aux municipales et aux législatives, mais presque jamais aux présidentielles. Aujourd'hui, même après le forcing de l'Elysée durant la semaine d'entre les deux tours pour mobiliser les électeurs de droite, il semble que les jeux soient déjà faits. Sauf un miracle pourra sauver l'UMP du naufrage face à une coalition de gauche et de circonstance, entre socialistes, communistes et écologistes, décidée à gouverner, seule, toutes les régions de France avant de conquérir le pouvoir central. Les électeurs qui se sont laissés séduire, aux présidentielles de 2007, par le discours dosé de promesses d'avenir du candidat de l'UMP, n'ont pas été voter dimanche. Moins de 3 ans après avoir eu leur confiance, difficilement arrachée d'ailleurs, face à la candidate socialiste Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy a réussi le tour de force de réunir contre lui, cette fois, tous les courants politiques, y compris dans le camp de l'UMP qui l'a porté au pouvoir. «Cocktail droite-gauche» Dans l'UMP d'abord. Ses partisans lui reprochent son ingratitude. La formation politique qui l'a installé à l'Elysée a fait les frais de ce qu'on appelle son ouverture politique vers la gauche. Les barons de l'UMP ont fait les gorges chaudes de le voir confier, sitôt installé à l'Elysée, des responsabilités et de missions de haut niveau à des hommes qui comme Bernard Kouchner, Michel Rocard ou Jacques Attali, ne partagent avec lui aucune aspiration politique et qui comme Carla Bruni, sa future, actuelle et probablement sous peu ex-épouse (aux dernières rumeurs), ont voté pour Ségolène Royal. Même Rachida Dati, à droite par intérêt et non par conviction, n'a jamais eu réellement sa place dans la famille UMP. Sarkozy avait fait appel à cette fille d'immigrés maghrébins pure souche pour lui confier la tête du prestigieux ministère de la Justice, croyant, à tort, avoir trouvé la clé du mystère des lieux chaudes. Dimanche dernier et, sans doute, aujourd'hui, la «racaille» n'a pas été aux urnes. Le profil bas de Rachida Dati Elle est minoritaire, peut-être, et marginalisée, c'est certain, mais son absence a prouvé qu'elle pèse lourd dans la balance. Rachida Dati gardera le profil bas durant les débats télévisés, écoutant la première Marie George Buffet défendre les siens ? Son «cheval de bataille» fut l'immigration. Sarkozy a réussi un exploit : celui de repositionner Le Pen sur la scène politique où le Front national a émergé avec force, dimanche, avec un score de près de 12%, alors qu'il éprouvait toutes les peines du monde aux dernières élections à franchir la barre des 2%. A choisir entre le discours et sa copie, les électeurs d'extrême droite ont choisi l'original. Voulant à la fois séduire les racistes et les beurs, le président français a monté contre lui les deux à la fois. La gauche pouvait alors jouer sur du velours. Son seul programme durant une campagne électorale sans enjeu que celui des présidentielles de 2012, c'est «l'échec de Sarkozy» sur tous les plans. Elle n'a pas eu de difficultés à démontrer que la France de Sarkozy totalise 5 millions de chômeurs, enregistre un nombre grandissant de SDF depuis le décès de l'abbé Pierre et à exploiter toutes les affaires louches dans lesquelles l'actuel chef de l'Etat français est impliqué à un degré ou un autre. Le «crochet de boucher» L'intérêt des régionales d'aujourd'hui vaut donc par la seule idée que ces élections donnent sur les intentions de vote des Français aux présidentielles de 2012. Les partis politiques se placent déjà dans cette perspective avec des candidats potentiels connus qui devront affronteront Sarkozy en 2012. Ou Dominique de Villepin, pourquoi pas, une fois que la cour d'appel saisie de l'affaire Clearstream aura désavoué définitivement Sarko qui s'est promis de «pendre» l'ancien Premier ministre de Chirac à un «crochet de boucher». Elle est belle la plus vieille démocratie du monde sous Sarko !