Depuis l'annonce de l'interdiction de la pêche du thon rouge par les étrangers, des professionnels du secteur indiquent que «l'Algérie n'est pas préparée à les remplacer». Plusieurs raisons sont avancées, particulièrement le manque d'équipements nécessaires pour capturer l'espèce marine en question. Contacté hier à ce sujet, le secrétaire général de la Chambre nationale de pêche et d'aquaculture, Yahiouche Larbi, de surcroît ancien armateur, explique que «l'Algérie ne possède pas le matériel nécessaire pour pratiquer la pêche du thon rouge». Notre interlocuteur tient à souligner à cette occasion que «l'interdiction de la pêche du thon rouge faite aux étrangers n'est pas une nouvelle information. Les pouvoirs publics avaient conclu avec les armateurs étrangers un contrat de pêche pour une période de dix ans, et c'est naturellement en 2010 qu'il arrive à échéance». Beaucoup de dysfonctionnements sont révélés par M. Yahiouche, qui précise qu'il ne défend pas la cause des pêcheurs étrangers. Il regrette que des obstacles soient survenus «volontairement», empêchant des pêcheurs et armateurs algériens de bénéficier du savoir-faire japonais en la matière. Notre interlocuteur précise que l'Algérie ne dispose que de trois thoniers. Il a révélé à ce propos qu'il existe une grande arnaque, qui démontre l'agonie du secteur : l'octroi d'autorisations de titres de thoniers à des propriétaires de sardiniers ! «Plusieurs armateurs ont acheté des sardiniers pour profiter de la subvention de 60% destinés aux thoniers, et ce, comme stipulé dans le plan de relance économique, alors qu'ils n'avaient droit qu'à une subvention de 40%. Le plus paradoxal dans tout cela est que ces derniers ne disposent même pas de filets pour la capture du thon rouge», a-t-il précisé. En l'absence d'une flotte capable de pêcher le thon rouge et un manque de formation et de techniques des pêcheurs nationaux, le quota algérien pourrait ne plus servir. «L'avantage avec le thon rouge pêché en Algérie, c'est que le quota accordé à notre pays est destiné à l'exportation car la consommation locale n'est pas importante comme dans d'autres pays. Une baisse des recettes des exportations de la filière est attendue», a expliqué Yahiouche Larbi. De son côté, le président du comité national des marin pêcheurs, Bellout Hocine, a affirmé que «les techniques de pêche dérisoires seront maintenues et la pêche du thon rouge dans l'espace marin algérien sera opérée par les sardiniers seulement». «L'Algérie ne dispose pas du matériel adéquat pour la pêche du thon rouge. Dans le pays, il y a seulement trois thoniers qui sont aptes à cette pêche», a-t-il confirmé. La seule solution pour continuer à pêcher le thon rouge demeure donc l'acquisition du matériel adéquat et l'exclusion de toute pratique immorale. Le ministère de tutelle devrait veiller à ce que tous les professionnels du secteur se conforment à la loi. Nos avons essayé de joindre la direction de la communication du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, mais en vain.