Suite aux déclarations du ministre de l'intérieur lundi à Constantine, faisant état de l'interdiction du port du voile ou de la barbe dans la photo apposée sur le nouveau passeport ou la carte d'identité biométrique, beaucoup de partis ont fait part de leur désapprobation en signifiant que la question de l'abandon du voile par la femme algérienne pour se photographier doit être revue par les autorités. Ainsi, M. Djemaa, en sa qualité de porte-parole du mouvement pour la société pour la paix (MSP), pense que «l'apparence du visage de la personne sur la photo d'un passeport suffit pour identifier celle-ci lors de son passage devant les services de la PAF de n'importe quel aéroport international». Le porte-parole du MSP donne pour preuve le fait que beaucoup de pays européens ont déjà mis en circulation ce genre de pièce d'identification sans pour autant obliger leurs citoyens ou citoyennes à abandonner la barbe ou le khimar (voile). M. Djemaa a ajouté qu'«il n'est d'aucune nécessité d'obliger les citoyens à abandonner leur apparence», considérant que ces nouvelles dispositions ne feront qu'entretenir un nouveau problème au sein de la société algérienne. Pour sa part Djamel Benabdeslam, secrétaire général du parti Islah, pense que «pour ce qui est de l'interdiction du port de la barbe, le ministre a raison». Par contre, estime-t-il, «la mesure incitant la femme à abandonner son voile n'est pas vraiment une nécessité». Pour le responsable d'El Islah, le port du voile sur la photo du passeport ne peut en aucun cas entraver le travail des polices des frontières dans n'importe quel pays au monde. «Le foulard ne gêne en aucun cas dans la mission d'identification des personnes, et celle-ci peut toujours se faire par rapport aux traits du visage», argumente-t-il. Le responsable du parti Islah nous a indiqué qu'il fera part de sa vive inquiétude auprès du gouvernement afin que soit revue cette mesure et permettre à la femme de «se photographier comme elle le veut», tout en en restant dans le respect des normes internationales. M. Boulahia, ex-militant au sein du parti Ennahda, explique de son côté qu'«il faut partir d'une réalité qui fait que notre religion oblige la femme à porter le voile». Il estime lui aussi qu'«il n'est d'aucune nécessité à l'obliger à abandonner son look pour se photographier», ajoutant que «vu toutes les techniques utilisées pour l'identification des personnes munies de passeport biométrique dans les points de passages frontaliers, à savoir l'identification par l'œil, les doigts et la voix, il n'est pas utile d'obliger la femme à abandonner son voile.