Les opérateurs économiques ont un délai de deux ans pour se mettre à niveau et renforcer leur compétitivité par rapport aux entreprises des pays arabes membres de la Zone arabe de libre-échange (Zale), a annoncé, mardi, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub. Lors d'une rencontre-débat sur la Zale, organisée par le Mouvement de la société pour la paix (MSP), le ministre a expliqué que ce délai représente la période durant laquelle une liste de produits fabriqués dans les pays arabes ne sera pas exempte de droits de douane. L'Algérie a envoyé à la ligue arabe une liste négative comprenant 1294 positions tarifaires représentant les produits exclus des avantages prévus dans les accords de la Zale. «Il ne s'agit pas de boycott des produits des pays arabes», a tenu à expliquer El Hachemi Djaâboub, ajoutant qu'il s'agit d'une mesure visant à protéger certaines filières de la concurrence des importateurs. Les produits arabes ne constituent pas une menace pour les producteurs algériens, a estimé pour sa part Bachir Messaitfa, économiste, notant que «les échanges commerciaux interarabes ne dépassent pas les 9%», contrairement à ceux s'effectuant avec les pays de l'UE et des Etats-Unis d'Amérique, avec qui les pays arabes s'échangent à hauteur de 95%. Ce qui confirme, selon lui, l'échec de la Zale puisque le but initial lors de sa création était l'augmentation des échanges commerciaux entre les pays membres. «Du fait qu'elle offre des exonérations douanières, la Zale n'est qu'une zone de transit de produits fabriqués par d'autres régions du monde», tient à ajouter cet économiste soulignant que «les pays arabes ne possèdent pas de règles d'origine et d'une union douanière. Elle n'offre pas de facilités pour le déplacement des biens et services». Dans le même contexte, Brahim Bendjaber, président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci) a mis en avant l'absence de produits normalisés. La majorité des marchés arabes n'appliquent pas les normes internationales de fabrication comme Iso 14 000. Il a plaidé pour une implication de l'Etat pour mettre à niveau l'outil de production. Un manque à gagner de 1,6 milliard de dollars Revenant sur le rôle des zones de libre-échange, le ministre a reconnu qu'elles recèlent des avantages et des inconvénients. A titre indicatif, il dira que le manque à gagner engendré, en termes de recettes douanières, suite à l'adhésion de l'Algérie à la Zale, est de 1,6 milliard de dollars. Certes, le montant est important, a-t-il relevé, mais cette adhésion ouvrira la voie aux produits algériens. Après un an et demi, la balance commerciale de l'Algérie avec les pays arabes n'a pas connu de changement palpable. La hausse des importations qui sont passés de 1,2 à 1,6 milliards de dollars entre 2008 et 2009 ne sont que le fruit de la suppression des droits des douanes. «Lorsque les importateurs étaient soumis au payement des droits de douane, ils minimisaient les factures. Mais, lorsque des exemptions ont été accordées, les importateurs déclarent la totalité des montants», a-t-il expliqué. Même si les zones de libre-échange ont l'avantage d'attirer les investissements étrangers, l'Algérie n'a signé jusque-là qu'un seul accord qui est celui de la Zale. Depuis un mois, notre pays a mis en œuvre un accord commercial avec la Tunisie signé en décembre 2008, à travers lequel certains produits algériens et tunisiens bénéficieront de la réciprocité d'exonération de taxes douanières. Pas d'accord de libre-échange «L'Algérie a décidé de geler la conclusion de nouveaux accords commerciaux ou d'adhésion à une zone de libre-échange, jusqu'à son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce», a annoncé le ministre du Commerce. Selon lui, la signature de nouveaux accords entraverait les négociations pour adhérer à l'OMC. Lorsque l'Algérie signe de nouveaux accords commerciaux, les pays membres de l'OMC bénéficieront des avantages prévus avant même que l'Algérie ne soit membre de l'organisation. Le gel des signatures ne signifie pas la rupture des négociations qui sont au stade avancé avec plusieurs regroupements. Les négociations en question ont été engagées avec l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest, regroupant entre autres le Niger, le Mali, le Sénégal et le Bénin et avec l'Association européenne de libre-échange (Aele). D'autres négociations sont également entreprises avec le Marché commun d'Afrique orientale et australe (Comesa) et le Mercosur (marché commun des pays de l'Amérique du Sud qui regroupe notamment le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay. La Turquie, poursuit le ministre, a demandé également à l'Algérie de lui accorder les mêmes avantages que ceux octroyés aux pays de l'UE dans le cadre de l'accord d'association avec l'Union européenne.