Ces temps-ci, Hugo Chavez est un président comblé et cela peut se concevoir. Le néo-socialisme pour lequel il œuvre ne s'est jamais aussi bien porté. L'antidote à l'impérialisme US fournirait des premiers signes curatifs, plutôt encourageants. Le maître de Caracas n'aura pas eu le temps de redescendre sur terre, tant son ami Poutine lui a promis de l'envoyer sur la lune, qu'il a déjà de quoi horripiler ce qu'il quoi être le «clone blanc» de Condoleezza Rice. Assistera-t-il à la conférence sur le désarmement nucléaire qu'organise la République islamique d'Iran à partir du 17 avril prochain alors que les mollahs sont sous le coup d'un nouveau régime de sanctions que les Occidentaux veulent leur infliger ? Rien n'a filtré sur la participation ou non d'Hugo Chavez à ce sommet que l'Etat hébreu boudera à distance du fait qu'il concerne directement son arsenal nucléaire. Pour irriter Washington, qui suit heure par heure le séjour du haut représentant iranien pour l'énergie atomique en Chine, le leader bolivarien n'aura pas à aller si loin. Ni à faire deux fois le tour de la terre à bord de la navette Soyouz pour suivre le «chemin de croix» du pape Benoît XVI à Rome. Sans même bouger du bureau présidentiel, Hugo Chavez a frappé fort grâce à la colère rouge de son camarade cubain, Raul Castro. Devant quelque 800 jeunes communistes, réunis pour leur premier congrès depuis son accession au pouvoir, le jeune frère de Fidel n'a pas caché sa rancœur envers les Etats-Unis et l'Union européenne. A s'en tenir à son discours, ces deux ensembles alliés cherchent par tous les moyens à casser la révolution cubaine. Non plus par un débarquement semblable à celui de la Baie des cochons mais par le parrainage de dissidents cubains qui opteraient malgré eux pour la «solution finale», la grève de la faim. Si l'un d'eux est déjà décédé en prison, a disséqué le président Castro, ce n'est pas en raison de mauvaises conditions de détention mais à cause du jeûne autodestructeur que des centres du pouvoir impérial aux Etats-Unis et en Europe soutiennent et financent de l'extérieur de l'île, l'extrême droite espagnole comprise. Une charmante invitation aux dames en blanc qui devraient faire gaffe à ne pas se tromper d'ennemi ? Si leurs maris, leurs frères ou leurs enfants crèvent dans les geôles cubaines, ce n'est pas la faute au pouvoir révolutionnaire en place. Mais à ces commanditaires du désordre démocratique, domiciliés en Occident. Et si cette main toute désignée de l'étranger venait à cesser d'agiter hypocritement la bannière des droits de l'homme, Raul Castro permettra-t-il à l'ensemble des dissidents de rentrer chez eux et de manger à leur faim ? Dans son récent discours, il n'a fait aucune allusion à une probable amnistie qui marquerait le début d'une douce transition, susceptible de conduire l'île vers sa démocratisation… à l'occidentale. Un état de fait que Raul Castro refuse de cautionner. Raison invoquée, la main tendue d'Obama n'a cessé d'être imaginaire. Les éternels otages de la guerre froide, cru 2010, vont encore devoir se serrer la ceinture.