Le commandement de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) a reconnu que ses soldats avaient tué hier quatre civils, dont une femme et un enfant, en ouvrant le feu sur un autobus qui se serait trop approché de leur convoi. Le drame s'est produit hier sur une route principale de la province de Kandahar quand un autobus civil s'est approché d'un convoi de la force internationale de l'Otan (Isaf). Les militaires étrangers ont immédiatement ouvert le feu, faisant 4 morts et 18 blessés dans les rangs des passagers. Dès la survenue du drame, le président afghan Hamid Karzaï a réagi violemment en accusant les troupes de l'Otan d'avoir tué les quatre civils de manière délibérée. Condamnant fermement l'acte, Karzaï a estimé qu'«ouvrir le feu sur un autobus va à l'encontre des engagements de l'Otan de protéger les civils et ne se justifie d'aucune manière». Ce nouveau drame vient exacerber les tensions déjà vives entre les alliés et le gouvernement afghan, qui a accusé à plusieurs reprises les militaires américains de tuer sans discernement talibans et civils. Les dirigeants de l'armée américaine, qui composent la majorité de la force internationale de l'Otan, se sont engagés à tout faire pour limiter les pertes civiles dans leurs opérations. Selon l'ONU, 2400 civils ont été tués en Afghanistan en 2009. Il s'agit d'un bond de 14% par rapport à 2008. Il reste que ces bavures sont relativement fréquentes. Le 5 avril dernier, la force internationale de l'Otan avait reconnu avoir tué deux femmes lors de ses raids aériens dans le sud du pays. Les militaires étrangers croyaient que des talibans s'étaient retranchés dans la maison visée. Le même jour, une nouvelle polémique avait éclaté après que l'Isaf eut reconnu que ses soldats avaient tué cinq civils, dont trois femmes, en février dans le raid d'un village de l'est. Cette autre bavure avait été longtemps niée. Selon les journaux américain New York Times et britannique Times, les membres des forces spéciales américaines, qui avaient mené l'opération, auraient extrait les balles des corps des victimes pour tenter de masquer la cause des décès.