L'enquête sur l'assassinat du DGSN semble piétiner. Le présumé meurtrier, qui se trouve actuellement dans l'aile des prisonniers à l'hôpital Maillot de Bab El Oued, n'a toujours pas été entendu malgré un état de santé qui s'améliore de jour en jour. Même si l'enquête suit son cours normal, comme l'ont affirmé plusieurs officiels, le silence de Oultache qui risque encore de durer, place la justice dans une situation ambiguë, elle qui devrait faire la lumière sur les circonstances et le mobile du crime. Près de deux mois après l'assassinat du directeur général de la sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, son présumé meurtrier, le colonel Chouaib Oultache refuse de parler. La justice qui s'est saisie de l'affaire a par contre entendu plusieurs témoins, la veuve du défunt, dont la famille s'est indignée à propos des premières déclarations du ministre de l'Intérieur qui a affirmé que le crime est «une affaire personnelle», et même le directeur du quotidien En Nahar (entendu dimanche) pour avoir publié le jour même de l'assassinat du DGSN, une enquête sur de supposées malversations dans les marchés d'acquisition d'équipement informatique, mettant en cause Chouaïb Oultache. L'enquête qui «suit normalement son cours», à en croire plusieurs déclarations officielles émanant notamment des ministres de la Justice et de l'Intérieur, risque de perdurer. En l'absence d'une quelconque déclaration du colonel Oultache, l'on peut affirmer que l'enquête n'avance pas, même si elle va toucher, selon le magistrat, «toute personne citée dans l'enquête ou susceptible d'apporter un quelconque détail lié directement ou indirectement au dossier». Un dossier qui est toujours entouré d'ambiguïtés dans la mesure où les déclarations des uns et des autres, demeurent contradictoires. Peu après le meurtre, le ministère de l'Intérieur avait affirmé que le meurtrier a agi sous «une crise de démence». Une déclaration d'ailleurs «niée» par l'un des avocats de Oultache, l'ex-sénateur Mokrane Aït Larbi, qui précise que cela relève d'une expertise. M. Zerhouni avait quelques jours après également déclaré qu'il s'agissait d'une «affaire personnelle», propos battus en brèche par la famille de Tounsi qui a, dans un communiqué, affirmé que Tounsi «n'avait aucun problème personnel avec son assassin ni d'ailleurs avec quiconque», soutenant mordicus qu'il s'agit bel et bien d'un acte prémédité. C'est le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, interrogé en marge d'une séance plénière du Conseil de la nation, qui confirmera cette thèse (homicide volontaire avec préméditation) en indiquant que des experts seront désignés pour examiner l'état de santé du présumé assassin. L'état de santé de Oultache, qui avait été atteint par balle à la jambe et à l'épaule par des policiers de la garde de Ali Tounsi, s'est sensiblement amélioré. Le présumé assassin parlera-t-il un jour ? La lumière sera-t-elle faite sur le déroulement des faits, les circonstances et le mobile du crime ? Selon les récentes déclarations de Tayeb Belaïz, l'instruction a connu une importante avancée. Allons-nous donc avancer sur le chemin de la vérité ?