Si le délit de presse inscrit dans le code pénal est l'un des obstacles majeurs à l'exercice du métier de journaliste, la diffusion des journaux à travers le territoire national est un casse-tête pour les éditeurs. Dévolue avant la naissance de la presse indépendante à un organisme public, la diffusion des titres de la presse nationale «a été vite investie par des flibustiers à la moralité douteuse», accuse Messaoudi Mohammed Tahar, membre du collectif du quotidien El Watan. Notre confrère précise que son journal a fait l'effort de créer, en association avec El Khabar, son propre réseau de distribution. Cette association a d'abord consolidé le réseau de distribution des deux quotidiens, lesquels se sont ensuite dotés d'une imprimerie. Le «duo» a acquis deux autres imprimeries «dans le but d'assurer notre propre indépendance vis-à-vis des rotatives étatiques», explique M. Messaoudi. «Le marché de la diffusion est totalement ignoré par l'Etat», fera-t-il encore remarquer. En vertu du droit du citoyen à être informé, notre interlocuteur affirme que l'Etat doit soutenir les prix, le fret notamment, pour ce qui est des régions éloignées comme le Sud. «L'Etat a abandonné l'obligation de faire parvenir la presse au citoyen», dit-il. Il affirme dans la foulée que l'imprimerie de Ouargla ne prend pas en charge certains titres comme El Watan, d'où, selon la même voix qui dénonce également le monopole sur la publicité «qui profite à certains», la nécessité pour tous les titres de disposer de leurs propres réseaux de distribution. Les journaux ne sont pas régulièrement acheminés vers les régions éloignées, estime-t-il encore, jugeant que le lancement effectif de l'imprimerie de Bechar avant la fin de l'année en cours, annoncé par M. Mihoubi, est «une chose positive». Le directeur du quotidien la Nouvelle République, Abdelwahab Djakoun, voit la question d'un angle différent. «Il faut que l'ensemble des titres soient regroupés au sein d'une même coopérative», assène-t-il, non sans faire remarquer que l'Algérie est le seul pays à ne pas avoir une association du genre. Une telle entreprise permettrait, selon lui, à tous les titres de bénéficier de dividendes qui contribueraient au développement des titres. M. Djakoun préconise aussi l'investissement dans les rotatives en vue de couvrir tout le territoire national et déplore le retard engendré dans la distribution, notamment pour la région du sud. Sur ce point, il rejoint M. Messaoudi en appelant l'Etat à soutenir largement les prix. Pour rappel, intervenant hier sur les ondes de la radio, M. Mihoubi a suggéré la création d'une entreprise qui regrouperait éditeurs et imprimeurs dont le rôle est de distribuer les journaux. Coopératives ou entreprises personnelles ? Le dilemme risque de durer.