Les prix élevés de la sardine en Algérie restent injustifiés au vu des importantes ressources halieutiques dont dispose le pays, ne cessent de dire les consommateurs. Des personnes interrogées, hier, estiment que la sardine est bien présente dans les eaux algériennes, et n'admettent pas qu'elle est allée plus loin vers des eaux plus chaudes. Les pêcheurs sont invités à répondre à une importante demande surtout en cette période de printemps. Dans les marchés d'Alger que nous avons visités, tout le monde semble en tout cas s'être mis d'accord au moins autour de deux points : le poisson est cher et non disponible. Suivant les directives des autorités, la sardine est en repos biologique du 1er mai au 31 août. Ce qui explique sa rareté et sa cherté, nous fait savoir un vendeur de sardines. Un autre vendeur, Ami Smaïl, sexagénaire, poissonnier à la pêcherie d'Alger, a abondé dans le même sens, soulignant que le poisson se fait rare dans les marchés. La sardine est devenue hors de prix, plus de 300 dinars le kilogramme. Elle est également peu disponible. Il faut se présenter très tôt le matin pour pouvoir l'acheter toute fraîche. Pour d'autres professionnels, elle serait allée s'enfouir dans des eaux plus chaudes, où les pêcheurs ne peuvent pas accéder. Les pêches aujourd'hui sont maigres. La quantité qu'on ramassait dans le filet ne fait même pas le quart. Le poisson en général est devenu désormais un produit de luxe, réservé aux personnes riches. Ami Smaïl ajoute que le phénomène de la spéculation est pour quelque chose dans ce renchérissement des prix. La crevette à 2000 DA ! Les prix affichés au niveau de la poissonnerie «Chez Lafer» à la pêcherie d'Alger-centre révèlent la température du précieux poisson. En effet, la sardine ordinaire, «celle qui a des points sur le côté», est vendue à 250 DA voire 300 DA le kg, tandis que la crevette est vendue à 2000 DA le kg, soit l'aliment le plus cher du panier de la ménagère. Selon un armateur, cette envolée des prix s'explique par la faiblesse de l'offre et l'épuisement de la ressource nationale dû principalement au non-respect des zones de pêche, mais aussi à la période de fermeture de l'activité de pêche. D'autres, par contre, accusent les conditions climatiques qui sévissent depuis des semaines dans le pays et avancent que les prix de la sardine vont connaître un fléchissement durable. A noter que la caisse de sardine dont le poids varie entre 16 et 18 kg se négociait dans les ports de pêche algériens à 4600 DA au prix de gros. Le vendeur indique que le prix de la sardine et du poisson varie selon la qualité, son calibre et l'abondance de la pêche. Malgré les explications données, les consommateurs s'étonnent de cette flambée d'un produit de la mer dans une région méditerranéenne. Certains pères de famille sont inquiets, notamment ceux voulant cet aliment indispensable à l'équilibre alimentaire.