Après la tripartite d'Istanbul, le président Bachar Al Assad est rentré à Damas avec la certitude que la Syrie n'est pas cette proie facile que l'Occident peut isoler à sa guise. Et cela s'est confirmé avec l'invité de marque qu'il a reçu durant ces deux derniers jours. Tapis rouge pour le président Medvedev, porteur d'un message de paix qu'il a bien voulu transmettre au gouvernement de Damas. Il est signé de la main de Shimon Pères qui se trouve à Moscou afin de convaincre le Kremlin de ne pas s'opposer au régime de sanctions contre l'Iran. Mais comme Ehud Barak et tant d'autres savent que les sanctions ne devront pas peser lourd face aux ambitions de la vieille perse, voilà que l'Etat hébreu ressent le besoin de signer dans l'immédiat un accord de paix avec la Syrie. Histoire de casser la dynamique qui régit l'axe irano-syrien ? Ça serait d'autant plus chouette si Bachar Al Assad ne prenait plus Ahmadinejad au téléphone. Malgré toutes les tentatives d'Israël de couper le fil, les communications passent toujours aussi bien entre Téhéran et Damas. Bref. En quoi consiste cette paix immédiate dont a été porteur le président Medvedev, au-delà du fait qu'elle retarderait une escalade militaire à la frontière non officielle syro-israélienne ? Devant des étudiants russes à Moscou, Shimon Pères ne s'est pas contenté de recevoir le prestigieux titre de docteur honoris causa. Il a mis la balle dans le camp de la Syrie qui, selon ses souhaits et ceux de ses alliés occidentaux, doit prendre une décision. Car, elle ne peut pas réclamer la restitution de ses territoires à l'Etat hébreu pour y implanter demain des rampes de lancement de missiles. La sacro-sainte sécurité d'Israël mériterait bien un engagement clair de la part de Damas à ce propos. C'est-à-dire, une fois restitué, le plateau du Golan ne devrait pas ressembler au Sud Liban avant que la Finul n'installe ses quartiers. En contre-partie, Tel-Aviv paraphera-t-il un pacte de non-agression contre la Syrie quel que soit son rapprochement stratégique avec la République islamique voisine d'Iran et quels que soient ses supposés liens avec le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien ? Pas si sûr que l'Etat hébreu tienne tous ses engagements, la paix immédiate qu'il propose n'est pas de nature à rétablir la confiance. D'autant que Tel-Aviv continue de refuser une dénucléarisation du Proche-Orient. L'offre de paix immédiate de Pères s'apparente-t-elle au dialogue de proximité auquel Netanyahu a fini par inviter les Palestiniens ? Du pareil au même. Preuve, à peine la proposition de paix faite à Damas que son souffleur a enjoint des critiques directes à l'adresse d'Al Assad fils qui serait le seul à croire encore que des missiles pointés contre Israël aboutiront à la paix. Mais ce qu'oublie le président honorifique de l'Etat hébreu, c'est cette relance du processus de paix syro-israélienne, sous médiation turque, qui a fini par être remise aux calendes grecques. Quant aux pourparlers indirects palestino-israéliens, il s'avère être un vrai dialogue approximatif. Pour ne pas voir son gouvernement de coalition partir en éclats, Netanyahu a déclaré qu'il n'a jamais promis à Obama de cesser la colonisation à Al Qods Est. Et c'est reparti pour un tour !