Décidées par les pouvoirs publics et annoncées publiquement le 1er mai dernier, les augmentations des salaires dans le secteur économique public ne sont pas encore entrées en vigueur. Après le travail accompli par les 22 fédérations du secteur dans le cadre des négociations pour la signature des conventions de branches, ce sont les syndicats d'entreprise qui œuvrent actuellement à finaliser ces conventions en vue de mettre en exécution les décisions prises. Dans certains cas, ces conventions n'ont pas encore atterri à l'entreprise. La problématique du déficit que connaît la grande partie des entreprises appartenant à ce secteur est sérieusement posée. Comment augmenter les salaires des travailleurs face aux difficultés financières que connaissent beaucoup d'entreprises publiques, nécessitant l'intervention de l'Etat pour les relancer ? Telle est la question posée actuellement dans le milieu des travailleurs et des responsables de ces unités. Le déficit chronique est réel dans un grand nombre d'entreprises publiques qui fonctionnaient jusque-là grâce à des injections systématiques de l'argent public pour tenter de relancer l'activité du secteur économique étatique. Une situation difficile et contradictoire. Ce qui fait que la question de la hausse des salaires dans ces unités relève de la polémique. Après un arrêt de travail et une paralysie totale, les pouvoirs publics ont décidé de relancer l'entreprise nationale des travaux routiers (Sonatro). En plus de l'effacement définitif de la dette publique, une enveloppe financière de 80 milliards de dinars a été débloquée pour permettre le payement de la dette des privés, les travailleurs n'ayant pas reçu leurs salaires depuis plus d'une année. Pour sauver la Sonatro, les pouvoirs publics ont décidé d'attribuer des marchés dans les régions du sud en utilisant la procédure de gré à gré. Rien n'a été encore tranché sur l'augmentation des salaires des travailleurs qui attendent le payement de leurs arriérés de 13 mois. «La fédération des travaux publics a décidé d'une hausse entre 15 et 20%. On attend que la convention arrive à l'entreprise pour en savoir plus», diront les travailleurs. Fourchette entre 7 et 17% Le cas des autres entreprises publiques n'est pas similaire mais il est proche. «Nous avons été augmentés de 1200 dinars suite au débrayage observé en janvier passé. Après pression des travailleurs, le directeur nous a accordé cette hausse en nous précisant qu'elle remplacera celle qui sera décidée dans la convention de branche», indiquent des travailleurs de Mobisco. En affirmant qu'une hausse de 12% des salaires a été négociée avec la direction de l'entreprise, ces travailleurs ignorent quelle suite sera donnée à cette situation. «Ils ont rejeté l'augmentation de 1200 dinars sous prétexte que l'entreprise est déficitaire. Maintenant, nous ne savons pas comment sera appliquée la convention de branche», ont-ils encore ajouté. La même situation prévaut au niveau de Cammo pour qui une hausse de 13% a été décidée. «Mais les travailleurs ont rejeté cette hausse. Ils demandent qu'elle soit plus conséquente vu que l'entreprise est performante», ont affirmé des travailleurs. La SNVI n'a toujours pas entamé les négociations pour la convention. A la zone industrielle de Rouiba, les conventions de branches sont le sujet phare ces jours-ci. Pour faire face à cette situation contradictoire, les fédérations du secteur économique ont arrêté un barème d'augmentation entre 7 et 17%, en fonction de la situation financière de chaque entreprise. «Les travailleurs des entreprises en difficulté auront une hausse de 7%, celles en difficulté moyenne de 12% alors que les performantes auront jusqu'à 17%», affirment nos sources fédérales. Mais la hausse de 7% ne touchera pas les salaires proches du Smig.