Le président Obama peut crier victoire, le Sénat américain a adopté la réforme de Wall Street. C'est parti pour la large refonte du système financier américain que nul n'a osé remodeler depuis les années 30. De quoi faire des jaloux dans la zone euro, proie à une chute vertigineuse de la monnaie unique ? Que les 450 millions d'Européens, devenus eurosceptiques par la force de la crise, se rassurent. Les relations entre Paris et Londres semblent être partis du bon pied même si l'entente cordiale affichée par Nicolas Sarkozy et David Cameron risque de connaître des déclivités subites. Il faut dire que le nouveau Premier ministre britannique est un eurosceptique et ce, même s'il doit faire preuve de modération pour ne pas décevoir les libéraux-démocrates de Nick Clegg qui pourraient claquer la porte du cabinet de coalition. Quant aux relations entre Paris et Berlin, le président Sarkozy s'est dépêché de nier tout désaccord avec la chancelière allemande sur la réforme de la zone euro. Le sujet est trop important pour qu'il puisse y avoir une quelconque brouille. Bien au contraire, le patron de l'Elysée est sur la même longueur d'onde qu'Angela Merkel sur le principe de nouvelles sanctions contre les pays de la zone euro dont les déficits sont trop importants. Faut-il comprendre par là, qu'à l'avenir, le sauvetage à la grecque fera désormais partie de la mythologie ? Tout le laisse croire, le contribuable allemand ne pleurerait plus sur le sort d'un pays de l'Union et ne remettrait plus la main à la poche. Le gouvernement d'Athènes serait-il le tout dernier à bénéficier d'un plan de sauvetage auquel le FMI a pris part ? Chose sûre, en ce moment les nouvelles en provenance de la capitale grecque sont loin d'être réjouissantes. Et c'est justement à partir d'Athènes que l'Egypte et l'Espagne ont annoncé que le prochain sommet de l'Union pour la Méditerranée, prévu le 7 juin à Barcelone, a été reporté jusqu'en novembre prochain. La faute aux Vingt-Sept de l'UE qui semblent ne plus vraiment savoir comment s'y prendre pour que les bourses sur le vieux continent ne clôturent plus à la baisse ? Ou aux pays arabes du Bassin méditerranéen qui ne doivent plus attendre grand-chose du légendaire dialogue Occident-Orient ? Après concertation entre les partenaires des deux rives, il a été décidé en terre grecque de donner chance aux pourparlers indirects entre Palestiniens et Israéliens. Pourquoi l'UPM, à caractère strictement écologique, a-t-il été réfléchi et initié pour servir de soupape à une paix introuvable ? Pourtant, sous la verrière du Grand palais, les partenaires occidentaux précisaient qu'à travers l'UPM, le petit frère du processus de Barcelone, ils ne cherchaient pas une autre «voie sous-marine» pour permettre à leur allié israélien de réaliser une paix qu'il désire à la carte. De toute façon, cette manière détournée d'imposer une vision unilatérale du règlement de ce conflit, est vouée à l'échec. A moins que ce report, qui s'accommode temporairement au plan de l'administration américaine, se traduise dans les faits par une réelle reprise du processus de paix palestino-israélien, incluant toutes les grandes questions de discorde. La victoire d'Obama à Wall Street pourrait être vite oubliée.