Au moins 20 passagers de la flottille de la liberté, qui faisait route vers la bande de Ghaza, ont été tués, pour la plupart des ressortissants turcs, a indiqué hier à Ghaza une ONG turque qui a participé à l'opération navale humanitaire. Des commandos israéliens ont attaqué à l'arme automatique, sans discernement, les passagers du navire turc de la flotille qui se trouvait dans les eaux internationales. Cette attaque barbare et injustifiée a choqué le monde. La flotille, organisée et conduite par des associations humanitaires, avait à son bord des personnalités civiles. Elle avait comme objectif d'acheminer quelque 10 000 tonnes d'aide humanitaire à la population de Ghaza en brisant l'embargo imposé par Israël. La majorité des victimes seraient d'origine turque, et les Algériens, au nombre de 32, qui faisaient partie de cette flottille, seraient sains et saufs. Le bateau a été arraisonné comme un navire de guerre, et les premiers témoignages parlent d'un déferlement de violence inouïe.
Condamnation unanime dans le monde Les réactions de condamnation émanant de la communauté internationale suite à cet acte criminel ne sont pas fait attendre. L'Allemagne, pour la première fois, a condamné cette agression. Le porte-parole du gouvernement allemand, Ulrich Wilhelm, a en effet estimé que l'assaut meurtrier commis par l'armée israélienne contre la flottille propalestinienne est «à première vue disproportionné», a-t-il souligné. Les Etats-Unis «regrettent profondément les vies perdues et le fait qu'il y ait des blessés», a fait savoir la Maison-Blanche. Ils «sont en train d'œuvrer pour comprendre les circonstances entourant cette tragédie». Barack Obama a demandé à connaître «le plus vite possible» les circonstances exactes de l'abordage sanglant lors d'une conversation téléphonique de quinze minutes avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. La Suède a qualifié hier de complètement inacceptable une telle attaque, une de trop commise par l'armée d'Israël. «J'ai convoqué ce matin (hier, ndlr) l'ambassadeur d'Israël pour lui dire que nous trouvions cette attaque complètement inacceptable et que nous prenions la situation très au sérieux», a en effet déclaré le secrétaire d'Etat suédois aux Affaires étrangères, Frank Belfrag. Le ministère grec des Affaires étrangères, dont le pays a pris part à la flottille d'aide humanitaire au profit de la population de Ghaza, a également convoqué hier l'ambassadeur d'Israël en Grèce pour lui demander «une information immédiate concernant la sécurité des citoyens grecs qui étaient à bord des bateaux et souligné la nécessité de prendre les mesures indispensables pour protéger leur sécurité». Une insulte à la dignité humaine Le ministère grec a «activé une cellule de crise» et mis en place une ligne téléphonique spéciale pour les proches de la trentaine de Grecs qui sont à bord de trois navires de la flottille attaquée par un raid israélien. Pour sa part, Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, s'est dit «profondément choqué» par l'assaut israélien. «Je suis profondément choqué par les conséquences tragiques de l'opération militaire israélienne contre la flottille de la liberté à destination de Ghaza», a-t-il déclaré dans un communiqué. «Rien ne saurait justifier l'emploi d'une telle violence que nous condamnons. Nous ne comprenons pas le bilan humain, encore provisoire, d'une telle opération contre une initiative humanitaire connue depuis plusieurs jours», a-t-il ajouté. Dans la même optique, des responsables politiques du Danemark, d'Irlande, d'Espagne et de Belgique ont également condamné l'attaque israélienne qu'ils considèrent inacceptable et disproportionnée. La Turquie a «fermement condamné» le raid qui «peut entraîner des conséquences irréparables sur nos relations bilatérales», a averti le ministère turc des Affaires étrangères, où l'ambassadeur israélien a été convoqué pour un entretien d'une vingtaine de minutes. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dénoncé hier «l'acte inhumain du régime sioniste». «L'acte inhumain du régime sioniste contre le peuple palestinien et le fait d'empêcher l'aide humanitaire destinée à la population d'arriver à Ghaza n'est pas un signe de la force mais de la faiblesse de ce régime», a déclaré M. Ahmadinejad. «Tout cela montre que la fin de ce régime sinistre et fantoche est plus proche que jamais», a ajouté le président iranien, pour qui «l'attitude du régime sioniste est une insulte à la dignité de l'humanité». Tout en affirmant que l'Iran ne reconnaît pas Israël, Mahmoud Ahmadinejad a affirmé que la question palestinienne n'est pas seulement une question arabe ou islamique, mais une question qui concerne le monde entier. Les organisations internationales choquées «Je suis choqué par les informations faisant état de tués et de blessés sur le bateau amenant de l'aide à Ghaza», a déclaré hier le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. «Je condamne ces violences et il est vital qu'une enquête complète soit menée», a-t-il ajouté. De son côté, l'Union européenne (UE) a aussi revendiqué par le biais de la chef de la diplomatie, Catherine Ashton, «une enquête complète sur la circonstance de ces raids». La même responsable de l'UE estime que la politique de la fermeture de Ghaza demeure inacceptable et politiquement contre-productive. L'UE appelle du coup à la fin du blocus en appelant à l'autorisation «immédiate et inconditionnelle» du passage de l'aide humanitaire, du commerce de biens et des déplacements de personnes à Ghaza.