«Les facteurs d'instabilité et les crises compromettent les bienfaits de la reprise économique», a estimé hier le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans son allocution prononcée à l'occasion du 25e sommet Afrique-France consacré à la place de l'Afrique dans la gouvernance, organisé à Nice (France). Il ajoutera que «la gouvernance mondiale pose de nos jours la problématique de l'adaptation aux évolutions que le processus de mondialisation ne cesse de connaître et qui approfondissent de plus en plus l'interdépendance des économies». Evoquant le cas de l'Afrique, Abdelaziz Bouteflika a relevé que «l'Afrique ambitionne de sortir de son statut actuel de puissance potentielle pour parvenir à celui de nouveau pôle de développement». Elle entend, selon lui, assumer le rôle qui lui revient dans la gouvernance mondiale. «La crédibilité du leadership dont elle a fait preuve au cours de la décennie écoulée lui permet de nourrir à cet égard de légitimes attentes». Le président citera, à cette occasion, les réalisations continentales d'envergure à l'image de la transformation de l'OUA en Union africaine avec des structures adaptées aux exigences de l'heure, de l'adoption du Népad comme stratégie africaine de développement durable ou du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP). Parmi les autres progrès de l'Afrique, il évoquera sa détermination lors des négociations de Copenhague sur les changements climatiques qu'elle poursuivra d'ailleurs avec le même esprit d'unité et de cohésion jusqu'au prochain rendez-vous de Mexico. Dès la publication en 2004 du rapport du secrétaire général des Nations unies sur les réformes du système des Nations unies, l'Union africaine s'est attelée à élaborer une position commune. Cette position commune sur les réformes onusiennes estconsacrée dans le «Consensus d'Ezulwini» qui traduit la volonté et la détermination africaines à agir dans l'unité et la solidarité et à parler d'une seule voix. «Il va sans dire que devant l'émergence du multipolarisme auquel nous assistons aujourd'hui, la bonne gouvernance mondiale requiert le renforcement de la représentation des pays en développement dans les institutions internationales ainsi que leur implication effective dans les processus de prise de décision», a-t-il souligné. Tout en plaidant pour son renforcement, le président a rappelé que le partenariat entre l'Afrique et le G8 dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), a permis «d'instaurer un dialogue régulier, franc et fructueux sur des questions de développement, de paix et de sécurité dans l'intérêt partagé des deux parties». Face aux chocs successifs qui ont ébranlé l'économie mondiale, le G20 a réussi à s'imposer comme le principal forum pour débattre et décider des règles devant régir la coopération internationale et réguler l'activité économique internationale en vue de la relance et de l'accélération d'un progrès économique et social au bénéfice de l'ensemble de la communauté internationale. Avec 53 Etats et un milliard d'habitants, le continent africain ne saurait continuer de demeurer en marge des processus décisionnels internationaux et se contenter, en observateur, d'en subir passivement les conséquences fâcheuses. Et d'ajouter : «L'Afrique s'estime en droit de plaider en faveur d'un élargissement du G20 qui, à l'instar d'autres régions du monde, va au-delà de l'intégration aussi bien de certains de ses membres que de ses institutions comme l'Union africaine et le Comité des chefs d'Etat et de gouvernement pour l'orientation du Nepad. A l'adresse des institutions financières internationales, M.Bouteflika a lancé un appel en vue de renforcer la représentation des pays en développement en général et africains en particulier. Une réforme que les pays du Sud appellent de tous leurs vœux depuis plusieurs décennies et qui doit se concrétiser à travers l'Assemblée générale des Nations unies, qui offre le cadre idoine pour mener cette dernière dans l'intérêt de l'ensemble de la communauté internationale.