«L'Etat doit encourager les investissements des firmes algériennes à l'étranger, profitant ainsi des opportunités» dans un contexte de crise économique et financière mondiale, a indiqué mercredi soir à Alger Mourad Preure, président du cabinet algérien Emergy. C'est lors d'un dîner-débat autour du thème «L'entreprise à l'épreuve du changement : quels challenges, quels défis dans le contexte actuel de crise ? L'importance de l'Intelligence économique», organisé par ce cabinet, que M. Preure a recommandé que «l'Etat (algérien) devrait permettre aux entreprises algériennes de profiter des actifs disponibles et leur permettre aussi le droit à l'erreur en investissant à l'international». En effet, actuellement la Banque d'Algérie ne permet pas le transfert d'importants fonds vers l'étranger même à la plus importante firme africaine qu'est Sonatrach. Pour cet expert pétrolier, ayant passé une bonne partie de sa carrière professionnelle dans cette entreprise publique, «le niveau de puissance de l'Algérie ne réside pas dans ses réserves de change mais dans la puissance de Sonatrach». De son point de vue, Sonatrach a les capacités nécessaires pour se développer à l'international en investissant dans d'autres firmes étrangères qui mettent des actifs sur le marché financier. Par ailleurs, M. Preure a fait savoir que le prix du baril ne peut accepter un certain niveau car à partir de 150 dollars, le baril de pétrole ne sera pas supportable et déjà avec 147 dollars il a été source d'épuisement. Pour lui, le prix idéal du baril serait 100 dollars. Toutefois, les exportations d'hydrocarbures inhibent l'innovation, selon l'expert algérien, qui appelle à rompre cette «chaîne diabolique». «L'Algérie devra se doter d'une industrie forte» Pour sa part, Jean Louis Levet, directeur général de l'Institut des recherches économiques et sociales (Ires), a suggéré que dans le contexte de la première crise post-mondialisation, «l'Algérie devra se doter d'une industrie forte dans différents secteurs d'activité car plus l'industrie se développe plus les services sont concurrentiels». L'expert français, natif d'Algérie, a fait le parallèle avec les cas français et américains quand les entreprises ont décidé de délocaliser, entraînant ainsi une perte importante des emplois. L'industrie représente seulement 5% du produit intérieur brut (PIB), en Algérie, d'où «l'urgence que la stratégie industrielle et le développement de champions nationaux en créant des ponts entre les universités et les petites et moyennes entreprises (PME), avec un Etat stratège qui met en place une politique d'intelligence économique (IE) en permettant une bonne intégration des technologies de l'information et de la communication (TIC). Toujours selon M. Preure, «le marché intérieur est un enjeu de la croissance dans un contexte de crise et le patriotisme économique est donc nécessaire». Néanmoins, selon les deux experts, il ne suffit pas d'anticiper mais d'agir aussi. De ce point de vue, M. Preure estime que «l'intelligence économique vient au secours des entreprises pour permettre à ces dernières de faire de l'anticipation grâce au rôle de l'Etat qui apporte de la visibilité aux entreprises». Appuyant sa thèse, Michel Delattre, ayant été longtemps à la tête du programme Meda de mise à niveau des PME algériennes, a avancé que sur les 350 000 entreprises algériennes existantes, dont 93% sont de très petites entreprises (TPE), 30 000 sont en capacité d'intégrer 600 000 étudiants en recherche de stage. Il ajoutera que seulement 2500 à 3000 PME sont dans la production en Algérie.