Un autre souci vient s'ajouter à l'ensemble des difficultés que rencontre le secteur sanitaire dans notre pays. Il s'agit du manque de médicaments qui se fait encore sentir. Et ce, en dépit de la production nationale qui a atteint les 35% et de l'importation qui tourne autour de 65%. Certains montrent du doigt le ministère de la Santé, l'accusant de mal gérer la distribution des stocks. D'autres, par contre, estiment que la rupture des stocks de médicaments revient aux dispositions inscrites dans la loi de finances complémentaire 2009. Les opérateurs de pharmacie, en effet, n'ont pas nié les faits et ont prédit un état de risque de rupture d'approvisionnement en médicaments dans les prochaines années. Ils ont donné comme raison les dispositions inscrites dans la loi de finances complémentaire 2009. C'est d'ailleurs ce que nous a expliqué M. Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP). Contacté par nos soins, notre interlocuteur nous a fait savoir que la rupture des médicaments qui se fait sentir ces derniers mois revient directement à la loi de finance 2009, et non à la nouvelle loi d'interdiction de l'importation des médicaments produits en Algérie, comme certains le pensent. «Ce manque revient plutôt à la nouvelle loi qui obligent les opérateurs à payer leur commande deux à trois mois avant l'arrivage du produit (contre six mois avant), sans parler du paiement des arriérés à leur fournisseurs», a souligné notre interlocuteur, précisant que «nombreux sont les opérateurs qui n'ont pas les moyens de payer ces fonds colossaux. Ce qui retarde, selon lui, les commandes de médicaments. «La pénurie des produits médicamenteux donc ne revient aucunement à l'interdiction de l'importation des médicaments, du moment que des génériques sont produits et les molécules-mères qui ne sont pas reproduites chez nous sont importées», a conclu M. Ziad. Les associations accusent les responsables des structures hospitalières Les associations des malades chroniques n'arrêtent pas, de leur côté, de dénoncer les pénuries fréquentes de médicaments, dont la plupart sont importants pour la survie des malades. Elles évoqué le dysfonctionnement dans la distribution et l'approvisionnement notamment au niveau des hôpitaux. Le coordinateur du réseau des associations des malades chroniques, Bouallag Abdelhamid, avait, en effet, pointé du doigt le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière ainsi que les services administratifs, affirmant qu'il y a une mauvaise gestion dans les hôpitaux, en dépit des moyens disposés. Et ce de part le retard que prennent les responsables des structures hospitalières à formuler les commandes de médicaments qu'ils doivent soumettre à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), qui doit à son tour, selon le principe, faire commande à l'avance pour avoir à la fois le médicament commandé et alimenter le stock de sécurité. Une réalité confirmée par l'un des représentants du ministère de la Santé, le Dr Ouahdi qui a soulevé le manque de médicaments anti- tuberculeux dans le CHU d'Oran comme étant une preuve de «mauvaise gérance dans les hôpitaux», du moment que ces médicaments existent – en quantité suffisante en plus – dans les CHU d'Alger. Faudrait-il plus de transparence dans la distribution du budget alloué aux hôpitaux, notamment celui relatif à l'achat des médicaments pour éviter ce genre de situation ? C'est en tout cas ce qu'a proposé notre représentant. Des cancéreux meurent à cause de l'insuffisance en médicaments En dépit de la somme colossale de 65 millions d'euros réservée par le ministère de la Santé à l'importation des médicaments anticancéreux lors du premier semestre 2009 et dont 50% ont été importés par les pharmacies centrales des hôpitaux, les associations d'aide aux personnes atteintes de cancer se plaignent toujours du manque de médicaments. Elles qui travaillent au profit des malades nécessiteux n'ont aucunement «profité» de ce budget déboursé. Mme Gasmi, la présidente de l'Association d'aide aux cancéreux Nour Doha, a parlé, en effet, de «rupture de médicaments». Contacté par nos soins, Mme Gasmi a précisé que le souci ne réside pas seulement dans le fait que le médicament soit coûteux, mais aussi dans le fait qu'il y ait souvent des ruptures de stock qui ont des répercussions sur la santé des cancéreux. La quantité importée en 2009 n'a apparemment pas suffi pour tous les malades atteints du cancer, selon notre interlocutrice «puisque le traitement est souvent indisponible», a expliqué la présidente de l'Association Nour Doha. Notre présidente avait même parlé de décès de certains patients avant qu'ils aient commencé leur traitement au service d'oncologie. «Les rendez- vous sont parfois retardés à cause de l'indisponibilité des médicaments», a-t-elle précisé. Mme Rabhi, la présidente de l'association El Fedjr a abondé dans le même sens, soulignant que l'insuffisance des médicaments réservés aux cancéreux n'est pas à négliger. «Comme nous n'avons aucune subvention concernant les organismes de la tutelle, nous aidons les cancéreux avec ce que nous recevons comme dons. Ce qui reste très insuffisant pour le nombre de cancéreux aidés par notre association qui a atteint les 1800», a-t-elle souligné, ajoutant que le coût exorbitant de ces médicaments laisse souvent les malades dans le désarroi. Et ce malgré les efforts des associations œuvrant dans le domaine. D'autant que seuls les hôpitaux et les institutions sanitaires reçoivent les quantités de médicaments importés. C'est la raison pour laquelle «ces associations n'ont pas ressenti l'avantage de l'importation de 2009, dont on parle», a-t-elle estimé.