Une véritable anarchie règne au service des urgences médicales du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou. Les patients ne savent plus à quel saint se vouer ni à quelle porte frapper pour se faire soigner. Les infirmiers et médecins urgentistes qui y exercent, des stagiaires en général, n'arrivent pas à prendre en charge convenablement les patients qui affluent toute la journée et jusqu'à des heures tardives de la nuit. Une salle d'attente pleine, les malades, laissés pour compte, s'allongent à même le sol. C'est ce que nous avons constaté lors d'une virée nocturne que nous avons effectuée dans ces lieux. Le patient, une fois à l'intérieur, après une attente de plus d'une heure, si les cas les plus graves sont orientés vers d'autres services de l'hôpital, pour la plupart ça se termine avec le rituel d'une consultation rapide et une prescription. C'est tout. Dans le meilleur des cas, on lui fait une injection pour calmer les douleurs. On consulte les malades même avec la torche d'un… portable ! Et sur une chaise généralement, étant donné que les brancards sont presque toujours occupés. «Nous travaillons avec les moyens du bord», nous déclare une infirmière d'un certain âge. Seuls ceux qui ont une «connaissance» sont pris convenablement en charge et passent prioritaires. Certains malades rebroussent chemin après une éternelle attente. «Je préfère mourir chez-moi, se désole l'un d'entre-eux. Une phrase longue de sens qui résume la situation dans laquelle se débat le service des urgences du CHU de Tizi Ouzou.