Après nous être habitués aux voix enregistrées de Ben Laden et d'Ayman Thawahiri, nous voici contraints à nous familiariser avec celle du mollah Omar, le borgne qui a fui l'Afghanistan sur une moto dont l'Isaf n'a toujours pas pu identifier la marque. Non seulement il court toujours mais il intervient aussi dans les questions d'actualité. Dans un enregistrement, qui lui a été attribué, le mollah Omar a appelé la nation islamique à suivre l'exemple de la courageuse Turquie dans sa tentative manquée de lever totalement le blocus contre Ghaza. Tant pis si elle n'a pas réussi un carton plein, son engagement lui vaut l'intervention du président Obama en faveur de son adhésion à l'Union européenne. Bien que la Jamahiriya libyenne ne prétende pas avoir une même ambition, toujours est-il que l'un de ses navires va devoir faire demi-tour en mer, le balaise Avigdor Lieberman s'est opposé à cet accostage au port de Ghaza. L'Etat hébreu en a même informé les Nations unies dont les membres étaient occupés à condamner le torpillage de la corvette sud-coréenne, sans nommer sa sœur ennemie du Nord qui, elle, s'est dit disposée à reprendre les négociations à six. Tout comme la République islamique d'Iran qui, en dernière instance, est revenue sur sa décision à envoyer des navires humanitaires vers Ghaza. L'appel du mollah Omar vient-il en retard du fait que le refus des Etats-Unis à cautionner l'ouverture d'une enquête internationale concernant la piraterie de l'armée d'Ehud Barak a dissuadé plus d'un pays à se tenir aux côtés du meurtri peuple palestinien ? Ce, en plus de la crainte d'être taxé de pro-Hamas, sous prétexte que la levée totale du blocus contre Ghaza profiterait largement au pouvoir de Haniyeh ? L'intervention du mollah Omar est intervenue quelques jours après le démenti des autorités d'Islamabad quant à la présence clandestine des chefs d'Al Qaïda sur le sol pakistanais. Mais également à la veille d'un double attentat kamikaze qui a fait plus d'une centaine de morts dans une zone tribale, frontalière de l'Afghanistan. Les talibans pakistanais vont-ils encore une fois nier leur implication dans ce carnage comme c'était le cas au lendemain de l'attentat de Lahore ? En attendant une revendication, le gouvernement de Kaboul va réintroduire une demande officielle auprès des autorités pakistanaises afin que celles-ci prennent enfin des «mesures sérieuses» contre les groupes terroristes qui continuent de sévir dans les zones tribales pakistanaises. Une demande que le gouvernement de Washington est prêt à appuyer, la patronne du Département d'Etat US ne semble toujours pas satisfaite du rythme de la guerre anti-terroriste que son allié est en train de mener, avec une partie de l'argent du contribuable américain. D'ici à ce que le total de l'aide financière US soit versé au Pakistan, le mollah Omar va-t-il s'adresser de nouveau aux djihadistes internationaux pour les intimer de ne pas croire en la main tendue d'Obama qui s'est engagé en faveur de la création d'un Etat palestinien comme le reste de ses prédécesseurs et en celle de Hamid Karzaï dont le projet de réconciliation n'est pas prêt d'aboutir ? Restera au borgne, à la moto non identifiée, d'insister sur la nécessité de poursuivre le combat contre les forces de l'Otan qui, elles, semblent si heureuses que le général Petraeus succède au général McChrystal sans changement de stratégie.