Contrairement aux prévisions du Fonds monétaire international qui avait prédit un taux d'inflation inférieur à 5% pour 2010, le taux en question a atteint 5,4% au cours du 1er semestre 2010. Ce pourcentage était, pour rappel, de 5,7% en 2009. Le maintien d'un taux d'inflation supérieur à 5% pour la 2e année consécutive est inquiétant car l'Algérie risque de voir se mettre en place une «spirale inflationniste», prévient M. Mezaache, économiste. «Ce n'est pas inquiétant, mais il faut une politique efficace de lutte contre la hausse du taux d'inflation», a-t-il préconisé. «L'inflation se combat par des mécanismes de régulation et non pas par des mesures administratives», appuiera l'économiste Abderrahmane Mebtoul. Contactés hier, les deux experts ont évoqué certaines causes de la hausse de l'inflation qui sont entre autres la hausse des salaires sans contrepartie en productivité, la progression de la demande des ménages et celle des entreprises en équipements ainsi que la prolifération de l'informel. La dévaluation du dinar de 20% par rapport à l'euro a engendré une augmentation des prix des produits importés, a noté M. Mebtoul. L'augmentation du taux d'inflation engendre une augmentation du coût de la vie et c'est la classe sociale défavorisée qui subira les conséquences de la hausse du taux d'inflation, s'est inquiété M. Mezaache. Un taux de 70% des ménages consacrent 80% de leur budget à la consommation, soutient M. Mebtoul, citant une étude du Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (Ceneap). Devant cette situation, il est urgent, de l'avis de M. Mezaache, de «maîtriser le rythme inflationniste, surtout à l'approche du mois de ramadhan». En l'absence d'une croissance de la production, la hausse des salaires n'est pas une solution pour lutter contre ce phénomène. Pour freiner l'enchérissement des prix des produits agricoles frais, il a préconisé d'augmenter les importations des produits agricoles de large consommation afin de satisfaire la demande en constante croissance. Mais, prévient l'économiste, «c'est une solution passagère» pour maintenir les prix en baisse au cours du mois de ramadhan. Il proposera aussi la création des mécanismes de réforme du système d'exploitation agricole et l'assainissement des circuits commerciaux, notamment pour freiner la progression du taux d'inflation. Car les poussées inflationnistes engendrent un recul du pouvoir d'achat surtout. Les citoyens auront à faire les frais d'un mois de Ramadhan dispendieux et d'une rentrée scolaire non moins coûteuse. Pour Abderrahmene Mebtoul, la régulation des circuits de distribution des produits agricoles est à même d'influer sur un recul des prix. Pour rappel, au cours du premier semestre 2010, les produits agricoles frais ont grimpé de 6,12%. Avec la vague des augmentations, les six prochains mois risquent de plomber les prévisions de la loi de finances 2010 qui ont tablé sur un taux de 3,5%.