WikiLeaks se prépare à rendre public le reste de ses dossiers secrets sur la guerre en Afghanistan. Le Département américain de la Défense assure que cette publication pourrait se révéler plus dommageable encore que celle des 76 000 précédents documents diffusés par le site internet. La révélation de ces données, des documents militaires classés sur le conflit en Afghanistan couvrant la période 2004-2010, a déjà suscité la colère des autorités américaines, galvanisé les détracteurs de l'intervention de l'Otan en Afghanistan et attiré l'attention des talibans, qui ont promis de s'en servir pour traquer ceux qu'ils considèrent comme des traîtres. Le Pentagone a fait savoir jeudi qu'il pensait avoir identifié les quelque 15 000 documents classés supplémentaires qui pourraient être publiés par WikiLeaks et prévenu que leur publication pourrait faire encore plus de tort à l'armée que celle des dossiers précédents. Cette nouvelle publication annoncée constituerait un «sommet d'irresponsabilité», a affirmé le porte-parole du Département américain de la Défense Geoff Morrell. «Cela aggraverait une erreur qui a déjà mis bien trop de vies en danger», a-t-il assuré. Le porte-parole de WikiLeaks Julian Assange a balayé les mises en garde du Pentagone. Sans donner de calendrier précis pour la publication des 15 000 dossiers restant entre les mains du site, il a précisé que l'organisation avait déjà épluché 7000 d'entre eux, soit près de la moitié. Il a expliqué que le processus, destiné à être sûr qu'aucun Afghan ne puisse être mis en danger par la révélation des documents, était «très coûteux et très minutieux». Mais Julian Assange a assuré que l'organisation allait «absolument» publier ces dossiers. Certains documents font état de pertes civiles afghanes provoquées par les forces de l'Otan qui n'avaient pas été rendues publiques et révèlent des opérations clandestines contre d'importants responsables talibans. Les partisans de WikiLeaks estiment que ces fuites permettent de mettre en lumière l'horreur quotidienne de l'intervention en Afghanistan. Ses détracteurs l'accusent de mettre en danger les militaires et les informateurs afghans qui luttent contre les insurgés talibans. Le Pentagone a mobilisé une équipe d'une centaine de personnes chargée d'étudier les documents aux mains de WikiLeaks pour mesurer les dégâts qui pourraient être causés et avertir le cas échéant les Afghans qui pourraient être identifiés par le nom et se retrouveraient en danger.