Une quarantaine de familles vivant au centre de transit de la Baucheray (Oued Koreiche), depuis sa construction au début des années 50, ont été jetées dans la rue lors du relogement des habitants de la cité, à la mi-juillet. Depuis, elles occupent les rez-de-chaussée des immeubles de la nouvelle cité du même quartier. Une autre opération de distribution de logements a été annoncée pour mercredi, leur a assuré hier le vice-président de l'APC chargé des affaires sociales, sans leur préciser le nombre des bénéficiaires. Les 42 familles de la Baucheray exclues du relogement de la mi-juillet ne voient toujours rien venir. Issues de La Casbah, elles vivaient dans l'ancienne cité coloniale qui date du début des années 50 avant qu'elle n soit rasée sur instruction de la wilaya. Maintenant, elles occupent le rez-de-chaussée de la nouvelle cité des 132 logements du même quartier, à Oued Koreiche, en attendant que l'étude de leurs recours aboutisse à une nouvelle affectation d'appartements. C'est justement pour tenter de tirer les choses au clair qu'une délégation représentant ces familles s'est rendue hier au siège de l'APC. Sur place, quatre délégués ont été reçus par le vice-président chargé des affaires sociales. Le Temps d'Algérie n'a pas été autorisé à y assister. La réunion, houleuse par moments, a duré une demi-heure. Depuis la salle d'attente du bureau du premier magistrat de la commune, on entendait des voix qui s'élevaient en signe de protestation contre l'opacité qui entoure cette affaire. Mais, à la fin, rien de capital n'a été annoncé. Depuis quelques jours, les exclus reçoivent des informations contradictoires concernant l'élaboration d'une autre liste de bénéficiaires. Les membres de la délégation, citant plusieurs élus de l'APC, sont informé au fur et à mesure sur le déroulement de l'étude des recours que les exclus ont introduits il y a presque cinquante jours. «Les élus nous disent qu'une liste de 12 personnes a été bouclée à la wilaya déléguée de Bab El Oued qui s'apprête à la rendre publique. Nous sommes venus aujourd'hui (hier) à l'APC pour en savoir plus», explique-t-on. A la sortie de la réunion, la situation était encore plus floue qu'avant. Le vice-président, ajoute-t-on, a en fait déclaré à ses hôtes qu'aucune liste n'avait été arrêtée pour le moment. Officiellement, on nie donc son existence. «Le vice-président nous a assuré que les noms des bénéficiaires seraient connu d'ici mercredi, mais il a dit ne pas connaître leur nombre», ajoute-t-on. A l'APC, les élus jouent la prudence. Cette liste existe-t-elle réellement ? On n'en sait vraiment rien. Nos tentatives de joindre le président de l'APC, Meyssoum Mohamed Redha, n'ont pas abouti. Contacté, le wali délégué de Bab El Oued, Saïd Meziane, s'est refusé à toute déclaration… Pour les 42 familles, il n'y pas de fumée sans feu. Si la wilaya déléguée reloge 12 familles, 30 resteront toujours dans le rez-de-chaussée de la cité des 132 logements. Les exclus croient fermement que l'opération de la mi-juillet a été organisée sur leur dos et entachée d'irrégularités. Ils citent volontiers les noms de tous les intrus qui habitent maintenant dans la nouvelle cité de la Baucheray après un bref passage dans les gourbis. «Le jour du relogement, une liste de 135 familles a été rendue publique. Nous figurons au même titre que les autres habitants du centre de transit. C'était en fonction de cette liste que les familles ont été embarquées dans les camions et orientées vers le stade 5 Juillet», assure un natif de l'ancien quartier colonial. Après la halte du 5 Juillet, il y a eu des familles qui ont été réellement relogées tandis que d'autres ont été abandonnées dans un chantier à la sortie de la commune des Eucalyptus où elles ont passé quatre jours dans le dénuement. Suite à quoi, une autre liste a été annoncée dans ce chantier-même des Eucalyptus et les autres ont été sommés de se prendre en charge. Les exclus remettent en cause ce deuxième listing. «Nous demandons à ce que la deuxième liste soit vérifiée à la lumière de la première. Parce qu'il y a des noms qui ont été annoncés aux Eucalyptus et qui ne figurent pas dans la liste annoncée précédemment à la Baucheray le jour du transfert», exige-t-on. Le recensement lui-même est sujet à caution. Tibouldji Boulem, 53 ans, est né dans le centre de transit. Il est à la tête d'une famille de sept membres. Mais dans la première liste, il a été mentionné «décédé» ! Contrairement aux règles fixées par les autorités, suivant lesquelles le programme d'éradication de l'habitat précaire bénéficie uniquement aux personnes recensées en 2007 ou avant, le recasement de la population de la Baucheray aurait permis à des nouveaux débarqués de trouver un logement, excluant de se fait les plus anciens de l'opération. «A la Baucheray, 35 familles qui ont construit des gourbis autour du centre de transit ont bénéficié de l'opération. Le plus ancien parmi eux y été depuis deux ans seulement», assure-t-on.