Le Collectif des familles de disparus (CFDA) et SOS Disparus ont diffusé hier un appel conjoint informant l'opinion de la disparition du nommé Salah Koullal depuis son arrestation, le 5 septembre 2010, par des gendarmes à Baghlia (Boumerdès). Me Farouk Ksentini se veut serein sur cette affaire, considérant que «l'Etat ne fait pas disparaître les individus». Selon les informations communiquées par sa famille, Salah Koullal, marié et père de trois filles, résidant dans la commune de Ouled Aïssa, dans la wilaya de Boumerdès, a disparu le 5 septembre 2010 alors qu'il était détenu dans les locaux de la gendarmerie de Sidi Daoud. Ce jour-là, précise le communiqué, vers 11h, Salah Koullal s'était rendu à Baghlia, accompagné de ses deux filles, à bord d'une camionnette pour acheter à ses filles des vêtements pour l'Aïd. Arrivé au barrage de Baghlia, les gendarmes lui auraient signifié qu'ils avaient reçu l'ordre de l'arrêter. Koullal est alors emmené à la gendarmerie de Sidi Daoud et ses deux filles, âgées de 5 et 3 ans, sont restées au barrage. Au siège de la brigade de gendarmerie, Salah Koullal a été autorisé à donner un coup de fil. Il a alors appelé son frère pour l'informer de son arrestation et lui a demandé d'aller chercher ses filles au barrage de Baghlia. Dans l'après-midi, la mère et le frère de Salah Koullal se sont rendus à la gendarmerie de Sidi Daoud et ont pu le voir et lui parler. La cinquième arrestation Trois jours plus tard, quand des membres de la famille de Salah Koullal, inquiets de ne pas le voir revenir, sont retournés à la gendarmerie de Sidi Daoud, les gendarmes les ont informés que Salah aurait été transféré à la gendarmerie de Dellys. Ils se sont alors rendus à la brigade de gendarmerie de cette localité mais, selon eux, les gendarmes ont nié le détenir et prétendu ne pas le connaître. Les membres de la famille se sont dirigés vers le tribunal de Dellys pour informer le procureur général de cette affaire, mais ce dernier aurait refusé catégoriquement de les recevoir. La famille Koullal informe qu'elle reste à ce jour sans nouvelles de Salah. Le communiqué précise que Salah Koullal, agriculteur, propriétaire terrien, avait déjà été arrêté 4 fois auparavant sous le chef d'inculpation de «soutien et financement de groupe terroriste». Après chaque arrestation, Koullal avait été détenu pendant plusieurs mois, puis jugé et acquitté sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui, relève le communiqué qui rappelle que l'Algérie est partie prenante de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et, qu'à ce titre, l'Etat doit prendre toutes les mesures nécessaires pour enquêter sur ces disparitions. «C'est une affaire liée au terrorisme» Me Farouk Ksentini, que nous avons joint hier par téléphone, s'est montré rassurant quant à l'issue de cette affaire. Pour le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (CNCPPDH), «il est certain que cette affaire a un lien avec la lutte contre le terrorisme». «S'il s'agit de cela, et c'est ma conviction, nous sommes encore dans les délais légaux de la garde à vue», explique le président de la CNCPPDH qui pense que l'on saura davantage sur cette affaire le 17 septembre, dernier délai légal de la garde à vue. Me Ksentini a tenu à rappeler par ailleurs que «les gendarmes ne peuvent agir de leur propre gré». «Ils sont tenus d'appliquer les lois de la République et de les faire respecter», indique-t-il, estimant qu'«il est inadmissible de prétendre que l'Etat fait disparaître les gens». Pour lui, les réactions de Sos Disparus et des autres associations de familles de disparus sont exagérées, surtout lorsqu'il s'agit de critiquer le travail des institutions de l'Etat, et dans le cas présent, la Gendarmerie nationale. «Nous attendons la fin de la garde à vue pour nous prononcer officiellement sur le sujet», a conclu Me Ksentini.