L'évacuation des habitants du centre de transit de la Beaucheraye, dans la commune d'Oued Koriche, continue de faire l'actualité. A la mi-juillet, au moment du transfert de la population, les dossiers de 93 familles ont été rejetés. Après examen de leurs recours, la commission de validation de la wilaya a fini par accepter 35 dossiers. Des familles présentant des cas légitimes demeurent toutefois exclues du relogement, de l'avis même d'une source au fait du dossier de la Beaucheraye. Le relogement des habitants du centre de transit de la Beaucheraye (commune d'Oued Koriche) et du bidonville qui lui était attenant continue de faire des mécontents parmi les exclus de l'opération. A ce jour, trente familles demeurent sans toit mais qui ont trouvé refuge dans le rez-de-chaussée de la cité des 132 Logements de la Beaucheraye. Leurs tentatives répétées de faire valoir leur droit au recasement, essentiellement auprès de la wilaya déléguée de Bab El Oued, n'ont pas encore abouti, alors que pour les autorités le dossier de la Beaucheraye serait «clos». Pour ces familles, tout a commencé à la mi-juillet dernier. Au cours d'une opération de relogement organisée par la wilaya dans le cadre du programme portant éradication progressive de l'habitat précaire, 229 familles ont définitivement quitté les maisons en tuiles, qui datent des années 1950, et les baraques attenantes, dont 130 ont obtenu des appartements dans la cité mitoyenne. Les 229 familles ont été sélectionnées par la commission de validation de la wilaya, qui a eu à étudier 321 dossiers en tout. De ce fait, 93 dossiers ont été rejetés pour diverses raisons (manque de pièces administratives justificatives, absence de certaines familles sur les lieux lors des enquêtes de vérification…). Les familles exclues ont tout de même été transportées jusqu'à la commune des Eucalyptus avant qu'elles ne soient abandonnées dans un chantier pendant quatre jours. Elles ont été amenées à monter comme tous les autres habitants dans les camions réquisitionnés par la wilaya pour les besoins de l'opération, sans deviner ce qui les attendait. Entre-temps, le centre de transit et les baraques ont été rasés de manière à rendre impossible toute réoccupation des lieux. Après avoir cru à un relogement, une fois mis devant le fait accompli, les exclus ont été invités à introduire des recours. L'étude de ceux-ci a donné lieu à l'établissement d'une deuxième liste, comme le rappelle le wali délégué de Bab El Oued, Saïd Méziane, dans un document transmis au Temps d'Algérie. «Un premier examen des dossiers, au moment même de l'événement et sur la base de nouvelles informations attestant l'effectivité de résidence sur les lieux, 21 familles figurant parmi celles dont les dossiers ont été rejetés ont pu immédiatement être relogées», écrit-il. L'opération a ainsi porté sur le recasement de 250 familles au lieu de 229 initialement. Par la suite, les autres familles ont été sommées de quitter le chantier des Eucalyptus. Parmi elles, 42 familles sont revenues à la Beaucheraye et se sont réfugiées dans la cité des 132 Logements où elles ont passé le ramadhan. Décidées à arracher leurs droits, elles faisaient le pied de grue devant le siège de la wilaya déléguée. Leur mobilisation permanente a été payante : les autorités ont été amenées à annoncer une troisième liste. «La commission de recours de la wilaya qui a siégé en date du 31 août 2010, et après des compléments de dossier et des investigations approfondies, a validé le recours de 14 familles qui ont rejoint leurs nouveaux logements le 7 septembre 2010», indique le wali délégué dans le même document. Le nombre des familles relogées est donc porté à 264. Malgré «les investigations approfondies», des cas «légitimes» demeurent en marge de l'opération. C'est le cas de Tadjadit Youcef. Né à la Beaucheraye en 1964 (46 ans), il a un fils âgé de 20 ans. Il vivait dans une maison en tuile rasée en juillet. Il a été exclu, son recours est resté sans suite. Son exclusion a étonné ses voisins qui se disent prêts à témoigner en sa faveur. Dans la liste des exclus, on retrouve également Mehabli Hakim. Agé de 38 ans, il vivait à la Beaucheraye, exactement au bâtiment I, n°4. Son recours n'a pas abouti. Il y a Haddadi Fayçal, 38 ans, qui était établi au bâtiment L, n°18 bis avec sa famille (trois membres). Constitué de neuf membres, le cas de la famille de Amar Belhoua est très spécial. M. Belhoua a bénéficié d'un F3 au rez-de-chaussée d'un immeuble à la cité des 1680 Logements de Birtouta qu'il refuse d'occuper. Il s'explique : «J'ai deux enfants, dont un a presque 50 ans, qui sont très malades. Il vous suffit de les regarder pour qu'ils s'attaquent violemment à vous. Héberger ma famille au rez-de-chaussée d'un immeuble augmente le risque avec tous les gens qui passent devant la maison et qui peuvent regarder dans notre direction par hasard. A Birtouta, c'est encore pire, les voisins ne nous connaissent pas. Au moindre problème, ils risquent de tuer mes deux enfants.» Aussi, il demande à rester à la cité de la Beaucheraye où les gens le connaissent et connaissent l'état de ses deux enfants. Mais quand il a occupé sans décision un appartement au 3e étage, il a été chassé par la police et présenté au commissariat.