En proie à la précarité et au chômage, les habitants de la wilaya d'Annaba sont de plus en plus nombreux à sombrer dans la misère. Acculés à cette extrémité, des cohortes de citoyens, hommes, femmes et jeunes gens nécessiteux ne se cachent plus pour crier haut et fort leur désarroi, acceptant brimades et mépris. L'essentiel étant de «ramener un petit quelque chose chez soi». Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à faire un tour du côté de la direction des affaires sociales de la wilaya où chaque jour que Dieu fait on enregistre des dizaines de nouvelles inscriptions sur les listes d'aide et d'assistance. Une gageure que les responsables de cette structure administrative s'efforcent de relever, avec plus ou moins de bonheur. La première responsable de la direction de l'action sociale (DAS) de Annaba, Mme Mayouche, indique qu'une opération entamée depuis le début de l'année vise à l'assainissement des listes des familles démunies ou nécessiteuses afin d'établir une carte sociale qui sera prise en compte pour toutes les actions de solidarité. Selon la directrice, la maîtrise de cette liste ainsi que l'identification de ces familles s'est faite avec la collaboration des bureaux de l'action sociale des 12 communes de la wilaya et celle des différentes caisses d'assurances sociales pour s'assurer de la non-affiliation de ces familles. Ainsi, de 35 000 familles nécessiteuses recensées l'année passée, on est passé, aujourd'hui, à 25 000. «Les listes ont été assainies à 90%, assure Mme Mayouche ; peut-être que par le passé, certains ont profité de ce qui normalement devait revenir à d'autres, mais cette année, nous avons veillé à ce que toute aide aille vraiment à ceux qui en ont besoin. Il ne faut pas aussi perdre de vue un paramètre important : il s'agit des fluctuations que connaissent ces recensements parce que des familles peuvent changer de statut ; on peut avoir trouvé un emploi ou encore le perdre, ce qui bien sûr donne lieu à un nouveau classement», affirme cette responsable. Poursuivant ses explications, elle déclarera qu'un montant de 6,25 milliards de centimes a été collecté à la veille du mois de Ramadhan et a servi à l'achat de denrées alimentaires qui ont été réparties en 23 897 couffins. A cette somme ont contribué 10 communes sur les 12, la wilaya, le ministère de la solidarité et des âmes charitables avec l'aide de l'association El Arfène. Durant le mois sacré, 500 enfants issus de familles démunies ont été pris en charge pour une circoncision collective alors que 500 autres bénéficieront d'effets vestimentaires à l'occasion de l'Aïd El Fitr et de la rentrée scolaire. Mais, tout comme une hirondelle ne fait pas le printemps, la misère est de nouveau là et elle compte bien sévir pour le reste de l'année. Mme Mayouche en est consciente et elle déclare que ses services sont mobilisés pour faire face à la situation. C'est par elle que nous apprendrons qu'à Annaba, il y a 11 743 femmes divorcées et 12 386 veuves et que la direction sociale les prend en partie en charge. Les plus démunies d'entre elles font partie des 10 056 bénéficiaires de l'aide financière sociale AFS que débourse la DAS mensuellement. Une aide qui reste, cependant, de loin insuffisante par rapport aux besoins réels de ces femmes en difficulté qui en sont à la cherche d'un travail, n'importe lequel, comme femme de ménage, le plus souvent pour la plupart et quand cela est possible. La wilaya d'Annaba compte aussi 16 102 handicapés, moteurs, mentaux, non-voyants et sourds-muets, dont 5688 à 100%. Rien que pour l'année en cours, 220 MDA (millions) ont été réservés pour couvrir les primes et autres indemnités de solidarité pour la seule catégorie des handicapés à 100%, contre 190 MDA en 2009.